Luna : Lune du loup-Ian MC Donald

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Dire que j’attendais ce roman est un doux euphémisme, tant la fin du premier, digne d’un épisode 9 de Game of thrones, allait à 100 à l’heure avec son lot de surprises. Le premier tome était très haletant et nous présentait les 5 dragons, les 5 familles principales, vivant sur la lune, colonisée depuis plusieurs années par les humains: Les Corta, Les Mackenzie, Les Asamoah, Les Sun et les Vorontsov. Cette trilogie se passe dans un futur où les humains ont colonisé la lune et y vivent différemment que sur terre. À la fin du premier, pas mal de choses ont changé et le frêle équilibre entre les dragons a complétement basculé.

J’avais un peu peur en entamant ma lecture de ne plus me rappeler certains détails du premier, notamment au niveau des personnages assez nombreux. Heureusement, à la fin du roman, figure un dramatis personae qui est plus que bienvenu pour se remémorer les liens exacts entre chacun. Le glossaire est bien utile également pour comprendre certains termes spécifiques à l’univers développé par Ian McDonald. Les choses reviennent très vite en mémoire dès les premières pages lues, surtout avec une première scène très prenante qui nous remet tout de suite dans le bain. L’immersion dans le roman est ainsi très rapide.

Ce second tome est l’occasion pour Ian McDonald de développer son histoire en n’épargnant toujours pas ses personnages et en les poussant à se surpasser. Rien n’est simple pour les dragons, les alliances se font et se défont au rythme des unions et des coups bas faisant régner une véritable guerre entre familles. Les dragons ont fondé leur puissance sur le contrôle de ressources particulières et Les Corta contrôlait la production d’Hélium, position très enviée car l’hélium est une ressource essentielle. Ils se sont attirés beaucoup de convoitises et les Mackenzie ont profité de la chute de la famille Corta pour s’approprier les restes de leur entreprise. La famille Corta a beaucoup souffert à la fin du premier tome, il y a eu des morts, de lourdes pertes matérielles. Parmi les enfants d’Adriana Corta, la fondatrice de l’entreprise, Lucas est présumé mort, Ariel est paraplégique et Wagner n’a jamais vraiment fait partie de la famille. Ils restent heureusement les petits enfants mais pour certains la situation est loin d’être facile, Robson, étant à moitié Mackenzie se voit contraint de vivre avec eux. Lucasinho et Luna eux sont protégés par les Asamoah.

Voici à peu près la situation de départ de ce second tome où les Corta sont loin d’avoir dit leur dernier mot. L’auteur va avoir recours à des flashbacks pour expliquer ce qui est advenu de certains personnages et en introduire de nouveaux dont Alexia Corta, une cousine de la famille vivant sur Terre. Ces retours en arrière sont nécessaires pour comprendre la situation et l’escalade des évènements qui surviennent sur la lune. On comprend également mieux le rôle des Vorontsov qui dirigent tout ce qui a trait aux vols spatiaux. C’est également l’occasion pour l’auteur de montrer les différences existantes entre les Terriens, les habitants de la Lune, et les spatiaux. Le travail sur les dissemblances entre la vie sur la lune et la terre fait par l’auteur est d’ailleurs à souligner. J’ai beaucoup aimé la partie se déroulant sur la Terre qui offre une vision de l’univers très différente de celle de la société bâtie sur la lune que l’on avait au premier tome.

On retrouve dans ce tome beaucoup de ce qui avait fait que j’appréciais le premier: un univers futuriste original et très détaillé, des personnages forts et charismatiques, un rythme haletant et la plume très caractéristique de Ian McDonald. L’auteur a un style  cinématographique et assez nerveux avec souvent des phrases courtes, parfois sans verbe qui ressort très bien dans la traduction française. Le ton du roman est parfois très cru que ce soit dans les scènes de sexe ou dans le reste, comme c’était le cas dans le premier tome. Ian McDonald apporte un soin des détails assez impressionnant que ce soit au niveau de la mode, des vêtements ou de la musique. Cela rend l’univers vivant et lui  apporte une richesse  considérable.

Le point de vue varie toujours beaucoup et les chapitres ne sont pas centrés sur un seul personnage. Le récit suit surtout le destin des Corta et certaines familles de dragons sont très peu présentes. Les personnages présentés sont très travaillés, humains avec leurs limites, leurs défauts et qualités. Ils ne sont pas épargnés par l’auteur qui les obligent à se dépasser, à pousser leurs limites au-delà du supportable. Pour ses personnages, Ian McDonald fait preuve du même sens du détail que pour son univers, leur donnant ainsi une grande profondeur. L’évolution de Lucasinho est très bien amenée par l’auteur. Lucasinho apparait au début comme quelqu’un de superficiel et peu fiable mais il est loin de se résumer à cela. Beaucoup de détails sur le personnage sont apportés par Ian McDonald comme son goût des gâteaux ou du sexe mais tous ces détails apportent beaucoup au caractère du personnage et permettent de relativiser son comportement.

La tension dramatique est très présente tout au long du roman, et on se prend très vite au jeu d’une intrigue riche remplie d’actions et de complots. Le récit est très rythmé, il est question de manipulations, de vengeances, de familles. Certains personnages se révèlent différents face à l’adversité notamment Lucasinho qui est très émouvant dans sa relation avec sa petite cousine Luna. Ian McDonald nous offre d’ailleurs des scènes mémorables dans ce tome comme celle entre les 2 cousins ou encore la scène d’ouverture du roman.

Ce second tome de Luna est d’un excellent niveau, et offre son lot d’actions, de surprises et d’intrigues. Ian McDonald met son style très soigné et enlevé au service d’un histoire très bien construite  avec un sens du détail qui enrichit les personnages, l’univers et le récit. Le final toujours aussi prenant donne très envie de lire la suite.

Autres avis: BlogOlivre, Lecture 42, Apophis, Gromovar

lunadeloupSur la Lune, deux ans après les événements qui ont précipité la chute de la famille Corta, les Mackenzie se sont approprié les restes de leur entreprise. Il n’y a donc plus que quatre «Dragons», ces consortiums familiaux qui se partagent l’exploitation des ressources lunaires et, donc, le pouvoir. Pourtant, les Mackenzie se déchirent sur les cadavres encore frais de leurs ennemis de toujours. Les Sun continuent, discrètement, à élaborer des plans visant à affaiblir leurs adversaires. Les Vorontsov vendent toujours leurs indispensables services au plus offrant. Et les Asamoah tentent tant bien que mal de préserver leur neutralité de façade. Mais le statu quo, même sous gravité réduite, n’est jamais acquis. D’autant que les rares survivants de la famille Corta – blessés, en fuite ou sous la protection d’autres Dragons – n’ont pas dit leur dernier mot.

Auteur : Ian McDonald

Traducteur: Gilles Goullet

Éditeur:  Denoël

Parution : 15/02/2018

Cette chronique fait partie du : Le challenge abc litterature de l’imaginaire 2018

22 commentaires

  1. Je l’ai!!! lalalilalère!
    Rt l’avantage cette fois-ci c’est que je sais désormais à quoi m’attendre avec ce McDonald, qui m’avait habitué à es textes plus lents, plus quelque chose d’indéfinissable que je n’ai pas retrouvé dans le premier opus.

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