Luna-Ian Mc Donald

luna2110.
Sur une Lune où tout se vend, où tout s’achète, jusqu’aux sels minéraux contenus dans votre urine, et où la mort peut survenir à peu près à n’importe quel moment, Adrianna Corta est la dirigeante du plus récent des cinq «Dragons», ces familles à couteaux tirés qui règnent sur les colonies lunaires. Elle doit l’ascension météoritique de son organisation au commerce de l’Hélium-3. Mais Corta-Hélio possède de nombreux ennemis, et si Adrianna, au crépuscule de sa vie, veut léguer quelque chose à ses cinq enfants, il lui faudra se battre, et en retour ils devront se battre pour elle…
Car sur la Lune, ce nouveau Far West en pleine ruée vers l’or, tous les coups sont permis.

Auteur: Ian McDonald      Traduction : Gilles Goullet

Édition: Denoël                     Collection  Lunes d’encre
Parution : 16-03-2017

Ian McDonald est un auteur de science-fiction vivant à Belfast. Parmi les thèmes qu’il aborde dans son œuvre, on trouve les nanotechnologies, le postcyberpunk et l’impact de progrès technologiques rapides sur des sociétés non-occidentales. Le Fleuve des Dieux (River of Gods) est récompensé par le prix British Science Fiction en 2004, le Prix Bob Morane et le Grand Prix de l’Imaginaire en 2011. (Wikipédia)

Luna est le premier volume d’une trilogie.Le roman a été développé en série télé par CBS.

Petit clin d’œil à Apophis: Luna de Moonspell (ça colle bien au livre en plus :))

J’ai entendu parler de ce roman sur la blogosphère depuis quelques temps et il m’intriguait assez. J’ai un peu hésité avant de me lancer car c’est le premier volume d’une trilogie mais les bons avis m’ont convaincue. Et je ne regrette pas d’avoir commencé cette série dont le premier tome s’avère très convaincant et prenant.

L’action de Luna se déroule en 2110 sur la lune qui a été colonisée et est devenue habitée par 1,5 millions d’habitants. La lune fournit des ressources nécessaires au fonctionnement de la terre comme l’hélium qui sert à la production d’électricité. Suite à cette colonisation, cinq grandes entreprises sont nées, elles sont surnommées les Dragons. Elles sont dirigées par des familles qui règnent en maître sur la lune dans une ambiance à couteaux tirés. Les 5 familles sont MacKenzie, Voronstov, Asamoah, Sun et Corta. Les Corta sont originaires du Brésil, l’entreprise a été fondée par Adrianna Corta qui est la matriarche de la famille. Leurs principaux rivaux sont les Mackenzie, originaires eux d’Australie et qui gèrent tout ce qui a trait aux métaux. Les Voronstov dirigent VTO, une entreprise russe gérant les transports. Les Sun s’occupent des technologies de pointe et les Asamoah gèrent agriculture et biotechnologie. Sur la lune, tout s’achète et tout se vend, il faut payer son air, son eau et tout ce qui est nécessaire pour vivre.

L’auteur centre son roman sur la vie de ces 5 familles et de quelques personnages extérieurs liés aux entreprises. La vie sur la lune est assez paradoxale, elle est difficile pour la majorité des gens, il faut des ressources pour tout. Pour les dirigeants des 5 Dragons, la vie ressemble à celle de la noblesse au moyen âge par certains aspects en y ajoutant la technologie bien entendu. Les mariages sont arrangés entre membres des familles à des fins de pouvoirs uniquement et certainement pas d’amour, et sont régis par des contrats stipulant énormément d’éléments. Les vêtements et tout ce qui est lié à l’apparence est très important pour cette partie de la société qui fait et défait les modes. La vie est à la fois plus facile pour eux grâce au confort que leur fournit leur argent mais aussi plus dure par les conflits d’intérêts et de pouvoirs au sein des 5 familles.

Ces luttes de pouvoir sont admirablement transcrites par l’écriture de l’auteur qui dessine un monde en constante mutation. Les personnages sont nombreux dans le roman et l’auteur change très souvent de point de vue en passant d’un personnage à l’autre au sein d’un même chapitre. Cela est un peu déstabilisant au début d’autant plus que Ian McDonald nous plonge de plein fouet dans son univers, cependant on s’y fait très vite et cela colle parfaitement au roman, donnant un récit choral très maitrisé. Une autre chose qui interpelle au début mais sans que cela soit vraiment dérangeant c’est l’utilisation d’un vocabulaire spécifique à l’univers qui n’est pas forcément facile à appréhender.  Il y a un glossaire en fin d’ouvrage qui est bien pratique et facilite la compréhension. Une liste des personnages est également fournie au début du roman et j’y ai plusieurs fois eu recours.

Parmi les 5 familles, l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux Corta et aux Mackenzie, ce qui fait beaucoup de personnages. Ces derniers sont très travaillés et sont tous différents, on s’attache plus à certains qu’à d’autres, c’est certain mais ils sont vraiment au cœur du récit et le fait que le roman soit un roman choral permet de leur donner la même importance.

Le style de l’auteur est assez surprenant au début avec une narration au présent qui est entrecoupée par le récit de la vie d’Adriana cette fois au passé. Ian McDonald utilise aussi assez souvent des phrases sans verbe et a un style assez nerveux qui est très bien rendu par la traduction française. Le roman est vraiment immersif et une fois le début passé, on est vraiment dedans pour ne plus lâcher son livre. Le dernier chapitre se lit d’ailleurs d’une traite tellement il est d’une densité impressionnante. La fin du roman donne envie de lire la suite très rapidement.

La technologie dans Luna est aussi un point important. Les personnages sont connectés aux réseaux à toute heure grâce à un familier qui un peu un mini ordinateur. Ces familiers changent d’aspect selon les personnes et peuvent permettre de discuter sans parler, de familiers à familiers. J’ai beaucoup aimé ce concept à la fois original et dérivant des technologies actuelles. L’imprimante 3D est aussi très présente et au cœur de l’univers. Il est vrai que cette technologie est assez utilisée par les auteurs de science-fiction actuellement mais elle est très plausible de nos jours.

Luna a souvent été comparé à Game of thrones, ce qui assez vrai, on y trouve des luttes de pouvoirs au sein de familles ou de clans, des passages assez crus et de la violence. C’est en tout cas, un très bon roman dont il me tarde de lire la suite. Il est admirablement écrit et construit. L’univers est très bien pensé avec des détails comme la taille différente des enfants nés sur la lune par exemple, une technologie bien développée et intéressante. C’était le premier roman de l’auteur que je lisais et ce fut un très bon moment de lecture pour moi.

Célindanaé

Autres avis: AelinelApophisSamuel ZitermanYogo, Lorhkan, BlackWolf, Xapur, Lutin 82

Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire et du challenge « Lunes d’Encre » de A.C. de Haenne.

d2_orig

challenge-lunes-dencre-196x300

24 commentaires

  1. Ah oui, bien vu pour Moonspell 😉

    Bravo pour cette critique très complète ! Je suis d’accord avec toi, c’est vraiment un roman à lire. Le côté Game of thrones est plus ou moins visible tout le long, mais il est vraiment criant, je trouve, dans la (longue) fin qui, comme tu le soulignes très justement, est extrêmement prenante et haletante.

    Vivement la suite ! J’ai failli acheter le tome 2 en VO, mais vu que la VF arrive relativement rapidement (et qu’à mon avis, la couverture va tout déchirer), je me suis abstenu. Mais ça a été dur 😀

    Aimé par 1 personne

  2. Un aparté qui n’a qu’un léger lien avec la critique très convaincante. Tu connais mon avis en phase avec le tien sur les qualités de Luna, mais je préfère ses autres romans. Pour l’instant, ce n’est après tout que le premier chapitre.
    Donc, mon aparté concernant GoT. Je me demande si le recours systématique à GoT en terme de comparaison ne finit pas par être contreproductif.
    Pour Luna, il a son sens avec cette lutte de pouvoir acharné, et pourtant cela concerne 2 univers différents (et opposé) avec les méthodes certes parfois brutales mais pas tout à fait similaire.

    House of Card ne serait-il pas plus judicieux? Bref, c’est une question lancée…

    Aimé par 1 personne

    • Merci pour la chronique 😉
      Il faudra que je lise d’autres romans de l’auteur pour comparer.
      Je ne pense pas que la comparaison soit contreproductive étant donné le succès de GoT et parce que il y a des points communs évidents. La lutte de pouvoir concerne les familles alors que dans House of Card c’est plus des personnes. Il y a aussi l’aspect mariage pour renforcer les familles que l’on retrouve dans GoT.
      En tout cas très bonne question que je te remercie d’avoir posée 🙂

      Aimé par 2 personnes

  3. […] Luna a souvent été comparé à Game of thrones version SF, car on y trouve des luttes de pouvoirs au sein de familles ou de clans, des passages assez crus et de la violence. C’est également un univers formidable, des personnages marquants et une fin qu’il est impossible de lâcher (les 100 dernières pages), extrêmement prenante et qui reste en mémoire. Le dernier tome de la trilogie est en dessous des 2 premiers mais cette série vaut vraiment le détour. Mon avis détaillé. […]

    J’aime

Laisser un commentaire