La fille dans la tour – Katherine Arden

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L’ours et le rossignol m’avais conquise par ses thématiques passionnantes et le folklore russe qui amenait une ambiance ensorcelante. La fille dans la tour est le second tome de cette trilogie d’une nuit d’hiver de Katherine Arden. Le premier tome pouvait se suffire à lui-même et c’est aussi le cas de celui-ci concernant la fin. Néanmoins, il vaut mieux à mon sens avoir lu L’ours et le rossignol pour mieux s’approprier ce deuxième tome et mieux comprendre certains événements.

Un univers de légendes

Cette trilogie se déroule dans la Russie du XIV ème siècle, un pays marqué par les contes du folklore local, mais aussi par un climat très rude, un froid omniprésent et appelé la Rus’ à l’époque du récit. Le premier tome se déroulait dans un village du nord, Lesnaïa Zemlia, dans lequel vivait la famille Pétrovitch. Cette famille a été marquée par les événements dans le premier tome. Vassia, la fille cadette, a dû quitter son village principalement à cause d’un prêtre l’accusant de sorcellerie. Au départ, Vassia est plutôt heureuse de sa situation et y voit l’opportunité de découvrir le monde. Mais elle se heurte vite à la dureté du climat et aux difficultés de voyager pour une femme seule. Elle pourra compter sur l’aide de Morozko, le démon du gel, et sur des créatures féériques qui l’accompagnent.

La route de Vassia va ensuite la mener vers Moscou, suite à sa rencontre avec le prince de Moscou parti à la recherche des brigands Tatars qui mettent à mal la campagne et enlèvent des jeunes filles. Vassia retrouve ainsi à Moscou son frère, moine, et sa sœur ainée devenue princesse. Ce second tome permet ainsi de découvrir la vie dans la capitale, où les croyances païennes ont moins de place que dans la campagne. On assiste ainsi à un rejet du folklore au profit de la religion chrétienne et de ses nouvelles croyances. Vassia est ainsi toujours dans une position inconfortable où ses capacités à voir ce que les autres ne voient pas la font passer pour une sorcière. Même à Moscou, elle aura fort à faire pour concilier sa nature et sa famille. Surtout que les choses se compliquent pour elle, vite confrontée à un dangereux complot visant la cour de Moscou, et mettant en cause des créatures surnaturelles et des humains.

La place des femmes

Vassia est un personnage féminin fort qui désire se libérer du rôle imposé aux femmes à son époque. Pour cela elle choisit de se déguiser en homme pour passer inaperçue. Ce camouflage va lui causer des soucis quand son frère et sa sœur la retrouvent à Moscou et désapprouvent ses choix. Pour eux, Vassia les met en danger en agissant de la sorte, et devrait se conformer à la place normalement imposée aux femmes. La sœur de Vassia vit d’ailleurs enfermée dans une tour avec ses enfants, respectant ainsi scrupuleusement les codes féminins de l’époque où les femmes vivaient dans des bâtiments séparés des hommes.

Au travers du personnage de Vassia, Katherine Arden questionne la place des femmes dans l’histoire, surtout si l’on considère les choix de Vassia, aux conséquences souvent importantes pour sa famille. Les choses ne sont pas simples pour elle, prise au milieu de la cour de Moscou et devant sans cesse faire des choix difficiles. Vassia apparait ainsi comme une jeune fille forte mais avec des défauts, qui veut être libre dans un monde où les femmes ne peuvent pas l’être. Elle porte le récit à bout de bras, les personnages secondaires étant un peu en retrait. Sa sœur, Olga apparait toutefois comme courageuse et dévouée à sa famille. Elle est très différente de Vassia mais attachante également.

L’histoire se complexifie dans ce second tome tant au niveau des événements que du folklore russe. La mise en place dure un peu, et comporte quelques longueurs. Cependant, cela permet de montrer la complexité de la relation entre Vassia et Morozko, et que tout n’est pas blanc ou noir.

La fille dans la tour est ainsi une belle réussite offrant un cadre et un bestiaire merveilleux et peu communs. Le conflit entre les croyances païennes et la religion est toujours présent, et le roman aborde également un questionnement sur la place de la femme. Le roman devient plus sombre que le précédent et toujours aussi passionnant. 

Autres avis: Boudicca, Uranie,Elbakin

Voir : L’ours et le rossignol

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Autrice : Katherine Arden

Éditeur : Denoël, collection Lunes d’encre

Parution :22/08/2019

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

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