Avant de lire la monographie consacrée à Lovecraft et après avoir lu Le Guide Lovecraft de Christophe Thill, je poursuis mes lectures autour de l’écrivain mais cette fois en bande dessinée. À vrai dire, c’est surtout la présence de Alex Nikolavitch au scénario qui m’a convaincue de lire cet ouvrage. Les dessins sont signés par des artistes argentins Gervasio, Lara Lee et Carlos Aon.
Celui qui écrivait dans les ténèbres est une bande dessinée biographique sur Howard Philips Lovecraft (20/08/1890-15/03/1937), cependant l’ouvrage s’intéresse plus particulièrement aux douze dernières années de sa vie de 1925 à 1937. Les ouvrages sur l’écrivain de Providence sont nombreux actuellement et on peut se demander pourquoi faire une bande dessinée sur sa vie. Le but de ses auteurs étaient de montrer la réalité derrière l’image souvent fausse véhiculée sur Lovecraft. Le choix de la bande dessinée vient du fait qu’elle est facilement accessible et permet de plonger directement le lecteur dans l’époque et les lieux où a vécu l’écrivain.
Il y a de nombreuses légendes qui courent sur Lovecraft, la plus persistante étant le surnom que l’on lui a souvent collé dessus de « reclus de Providence », vivant hors du monde hors de la vie (image transmise par Michel Houellebecq en partie). Même s’il a passé la majeure partie de sa vie à Providence, Lovecraft a vécu quelques années à New-York lors de son mariage avec Sonia Greene. Il avait beaucoup d’amis et de relations dans le milieu des écrivains et apparait clairement comme plutôt sociable dans cet album. Il attachait énormément d’importance à sa correspondance, écrivant de nombreuses pages (parfois des lettres de 25 pages). Il a également fait beaucoup de travail de correction ou de réécriture pour d’autres auteurs, ce qui lui prenait énormément de temps et il n’était mal (parfois pas) rémunéré pour ce travail.
L’image de l’écrivain qui transparait dans cet album est clairement celle d’un homme qui se consacrait entièrement à l’écriture sous toutes ses formes. Son existence semblait lui convenir car elle lui permettait d’avoir énormément de temps pour écrire, ce qui était une véritable obsession pour lui. Il refusait même de taper ses textes à la machine alors que cela lui aurait offert plus de chances d’être publié. On trouve aussi dans cette BD, l’importance de l’image qu’il voulait véhiculer à savoir celle d’un gentleman au comportement rigide et un peu désuet. Cette conception dirigeait pas mal sa vie et son comportement. L’ouvrage met aussi l’accent sur les nombreuses amitiés de l’auteur : celle avec Harry Houdini, avec qui il a collaboré ou encore celle avec Robert Barlow. À la fin de l’album, il y a un récapitulatif succinct mais néanmoins très intéressant des personnes qui ont côtoyé Lovecraft, l’ayant vraiment rencontré ou ayant correspondu avec lui.
Une part importante du récit est aussi consacrée à l’œuvre de l’écrivain et on peut voir comment on peut retrouver une part importante de sa vie dans ses écrits. L’astronomie était une de ses passions et on la retrouve dans plusieurs textes. Le nom de Abdul al-Hazred vient d’un personnage que l’écrivain s’était créé enfant. On retrouve également des extraits de plusieurs textes de l’auteur avec les nouvelles traductions.
Cependant, l’homme avait un côté sombre, il a raté son mariage, a vécu très pauvrement, ce qui a causé sa maladie qui l’a beaucoup fait souffrir. Le racisme de Lovecraft est évoqué au début du récit en disant que l’homme n’était pas à un paradoxe près, cependant par la suite il n’apparait qu’en filigrane. L’homme était visiblement plus dérangé par tout ce qui avait un rapport avec une religion (n’importe laquelle) beaucoup trop affichée. Il en ressort ainsi une image plutôt positive de l’homme, certainement trop par rapport à ce point.
Les graphismes sont assez surprenants surtout au niveau de l’image de Cthulhu assez différente de celle dont on a l’habitude. Les dessins sont assez colorés et retranscrivent bien les expressions des visages. Les dessins correspondent bien avec l’idée de changer l’image de l’écrivain. L’évolution du visage de Lovecraft avec sa maladie est très bien rendue. La mise en page de l’album est aérée rendant la lecture très accessible.
Celui qui écrivait dans les ténèbres offre ainsi un portrait mis à jour du maître de Providence grâce à un solide travail de documentation. Il est juste dommage que certains aspects de la personnalité de l’auteur aient été privilégiés par rapport à d’autres. Les graphismes mettent en valeur cette biographie qui est un très bon point d’entrée sur la vie de Lovecraft.
Autres avis: Yozone
Auteurs : Alex Nikolavitch, Gervasio, Lara Lee, Carlos Aon
Éditions 21g
Date de parution : 25/01/2018
Créateur du mythe de Cthulhu, d’Arkham et du sinistre Necronomicon, auteur de nombreux chefs-d’œuvre de la littérature horrifique, Howard Phillips Lovecraft s’est imposé après sa mort comme l’un des écrivains les plus influents de son siècle. Prisonnier de son propre mythe, il projette aussi auprès de ses innombrables lecteurs l’image d’un reclus hors du monde, à la personnalité difficile à saisir…
Qui était donc vraiment le « maître de Providence » ?
« Le XXe siècle n’a pas connu de plus grand artisan du récit d’horreur qu’H.P. Lovecraft. » Stephen KING
« Lovecraft est vraiment un auteur fondamental, il y a un avant et un après Lovecraft. » Michel HOUELLEBECQ
« Les contes (?) de Lovecraft sont admirables, mais si terribles qu’on se demande s’il vaudrait mieux ne jamais lire de telles choses. » Jean COCTEAU
J’ai déjà lu plusieurs portraits publiés par cette maison d’édition (Mandela, Luther King…) mais « Rêveurs de mondes » doit être une nouvelle collection chez eux. Je le note, ça m’intéresse beaucoup 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Visiblement il y a eu une autre BD dans la même collection mais sur Philip K.Dick.
J’aimeJ’aime
Pour être franche, je n’ai jamais lu Lovecraft et je ne suis pas attirée plus que cela par ses écrits. En revanche, cette BD a plutôt attisé ma curiosité. Si elle est dans ma bibliothèque, je pense que je l’emprunterai.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est dommage de ne pas lire Lovecraft, surtout que c’est des textes courts, donc ça ne prendra pas beaucoup de temps à tester.
J’aimeAimé par 1 personne
En fait, c’est l’univers qui ne m’attire pas du tout. Mais, qui sait? Je ne dirai pas Fontaine, je ne boirai de ton eau! 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Non il ne faut pas dire cette phrase, surtout dans La horde du contrevent que je viens de finir 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Argh, je n’ai pas du tout aimé la Horde du contrevent! Un mauvais souvenir littéraire, je ne l’avais pas fini.
J’aimeAimé par 1 personne
Je sais, j’ai pensé à toi en le lisant, mais il y a cette phrase à un moment et une scène dont on se souvient ensuite c’est pour ça.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah ok! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
[…] Howard P. Lovecraft : Celui qui écrivait dans les ténèbres […]
J’aimeJ’aime
[…] dont il a même signé le scénario d’une biographie de l’auteur en bande dessinée Howard P. Lovecraft : Celui qui écrivait dans les ténèbres. L’ouvrage ne prend pas vraiment la forme d’un roman mais d’un recueil de […]
J’aimeJ’aime