Écarlate – Philippe Auribeau

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Écarlate de Philippe Auribeau est paru fin mars chez ActuSf dans la collection Les 3 souhaits. Il est disponible pour le moment en numérique en attendant de meilleurs auspices. Philippe Auribeau est auteur et traducteur dans le jeu de rôle depuis plusieurs années. Il a notamment travaillé sur Les lames du cardinal issu de la trilogie de Pierre Pevel et sur L’Appel de Cthulhu, ce qui n’est pas étonnant au vu de ce roman.

Une enquête au cœur du récit

Écarlate est un roman policier mâtiné de fantastique, le centre du récit est une enquête sur un triple meurtre sanglant. Thomas William Jefferson, agent du  BOI (Bureau of Investigation et ancêtre du FBI) est appelé pour enquêter sur un massacre ayant eu lieu dans un théâtre de Providence. Le roman se déroule durant l’été 1931. La raison pour laquelle on fait appel au BOI est liée au propriétaire du théâtre, pas à la nature du crime, bien que celui-ci soit particulièrement horrible: trois acteurs du théâtre ont été assassinés, éventrées, dépecées, les corps mis en scène de manière très sanglante et horrible. La pièce sur laquelle travaillaient les acteurs est l’adaptation du roman La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Jefferson n’est pas un agent comme les autres, il a une équipe à lui pour l’aider dans son enquête: Caleb Beauford, son chauffeur mais pas seulement, et Diane Crane, enquêtrice privée.

Le travail d’investigation a une grande place dans le roman, on suit l’enquête du début à la fin des différents interrogatoires des témoins, en passant par la mise en commun des trois détectives. L’écriture de Philippe Auribeau est très prenante, elle rend l’investigation menée vivante et passionnante à suivre. On tourne les pages du roman très facilement, se laissant prendre par toutes ces pistes et voulant comprendre ce qu’il en est, surtout que l’enquête s’avère particulièrement complexe. Elle est d’ailleurs peut-être un peu trop tarabiscotée par moments, avec certains côtés un peu glauques et pas vraiment crédibles. La fin du roman est un peu précipitée, un peu brouillonne également. C’est dommage car le reste était très bien amené.

Contexte et personnages

L’ambiance des années 30 est particulièrement bien retranscrite et exploitée dans le récit. On est deux ans après la crise de 29 et les effets qu’elle a eu sur les gens se font encore sentir. L’histoire se déroule à Providence, ville natale de Lovecraft et ville du Nord Est des États-Unis. On retrouve aussi dans le roman d’autres villes de la région, fictives ou non comme Boston et Arkham. L’auteur a bien décrit la société des années 30 aux États-Unis, parlant du racisme avec notamment le personnage de Caleb, un noir américain, et de la place des femmes dans la société avec le personnage de Diane Crane. On retrouve ainsi tous les éléments caractéristiques de la société des années 30 avec la grande dépression, la prohibition en toile de fond, la ségrégation raciale.

Les trois personnages principaux sont bien décrits et intéressants. J’avoue avoir préféré Diane Crane et Caleb Beauford à Jefferson, un peu trop lisse et conforme à ce qu’on trouve habituellement dans ce genre de récit. Crane, surtout parce que c’est une femme, est plus originale : c’est une femme d’action, une femme forte qui sait jouer de son physique pour obtenir ce qu’elle veut. L’auteur venant du milieu du jeu de rôle, cela se voit un peu au niveau de ces personnages, faisant penser à des archétypes de jeu, seul Caleb correspond moins à cela. Plusieurs éléments du roman font d’ailleurs penser au jeu de rôle.

Le surnaturel

Le surnaturel dans le roman est amené par petites touches, sans que cela ne prenne le pas sur le côté policier. L’aspect fantastique (on ne sait pas vraiment ce qui est réel ou non) est lié aux légendes païennes qui existent dans la région où se déroule le récit, mais aussi en lien avec le roman de Nathaniel Hawthorne et la vie de son auteur. Cet aspect surnaturel est bien géré dans le roman, sans trop en faire, ni aller dans le tape à l’œil.

Il y a bien entendu un hommage à Howard Phillips Lovecraft que l’on croise d’ailleurs dans le roman. D’ailleurs, petite précision cela s’écrit bien Howard Phillips Lovecraft et non Howard Philip Lovecraft ( comme écrit dans le roman). La présence de l’écrivain est un clin d’œil sympathique. On trouve quelques éléments liés à Lovecraft dans le roman mais ils sont assez légers. Les références au genre sont assez limitées, pas de quoi rebuter les non amateurs de l’écrivain.

Écarlate est ainsi un roman qui possède de nombreux atouts : un contexte historique bien utilisé, une intrigue solide et une écriture très prenante. On regrettera juste certains côtés un peu « too much » et une fin précipitée. J’espère revoir un roman de ce genre prochainement.

Autres avis: Fantasy à la carte, Les carnets d’une livropathe, Les pipelettes,Gromovar

Chronique réalisée dans le cadre d’un service presse (merci encore).

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Auteur: Philippe Auribeau

Éditeur : Editions ActuSF

Parution : 20/03/2020

Providence, 1931. Une troupe de théâtre est sauvagement assassinée alors qu’elle travaillait à l’adaptation du roman La Lettre écarlate. Si la piste d’un ancien anarchiste italien semble évidente pour la police locale, l’équipe fédérale de Thomas Jefferson flaire des raisons bien plus obscures. Une ombre plane sur ce meurtre… et sur ceux qui mènent l’enquête. Après L’Héritage de Richelieu, roman de fantasy qui fait suite aux Lames de Cardinal de Pierre Pevel, Philippe Auribeau nous plonge dans un polar noir et fantastique dans l’univers du mythe de Cthulhu.

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