Les Dossiers Cthulhu, tome 1 : Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell – James Lovegrove

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Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell est le premier tome d’une trilogie mélangeant deux univers de fiction: celui de Sherlock Holmes et celui créé par Lovecraft. Le second tome intitulé Sherlock Holmes et les monstruosités du Miskatonic vient de paraître en février toujours chez Bragelonne. A priori, les 2 univers n’ont pas grand chose en commun, surtout quand on sait que Sherlock Holmes est hermétique à tout ce qui a trait au surnaturel. Pourtant, on se laisse prendre au jeu et le roman offre une lecture plaisante.

L’idée de départ de cette trilogie est très bonne et bien amenée. Elle est présentée par l’auteur dans la préface qu’il faut absolument lire, tout comme la préface sensée être écrite par le docteur Watson. L’auteur est un lointain parent de Lovecraft et le nom a changé il y a plusieurs années de Lovecraft en Lovegrove. Suite à un héritage, il a reçu de mystérieux manuscrits qu’il  nous retransmet, ces trois ouvrages ayant été écrits pas le docteur Watson en personne! D’où la préface du docteur Watson qui suit et qui nous explique que les ouvrages écrits sur Sherlock Holmes étaient uniquement destinés à cacher une horrible vérité. Les 3 ouvrages à nouveau écrit de la main du docteur Watson sont là pour rétablir la vérité sur le monde, sur certaines enquêtes menées par le duo et aussi sur la rencontre entre Sherlock Holmes et Watson.

Tout commença à Londres en 1880 où Sherlock Holmes vient de s’établir comme détective conseil. Il décide d’enquêter sur une série d’étranges meurtres dans le quartier de Shadwell où les victimes ont été retrouvées dans un état de maigreur important et comme terrifiées. Lors de cette enquête, Sherlock Holmes va faire une rencontre qui va changer sa vie, celle du docteur Watson, récemment revenu d’Afghanistan. Les deux hommes vont unir leurs forces pour trouver le fin mot de l’histoire. Leur enquête va les mener à comprendre que de mystérieuses forces sont à l’œuvre, et leur vie vont en être irrémédiablement modifiées.

Le point fort du roman est sans contexte l’hommage rendu par l’auteur aux deux univers, et la grande connaissance des ouvrages qui y sont liés. Les références aux véritables romans sur Sherlock Holmes sont nombreuses. Je ne suis pas une spécialiste des romans de Conan Doyle mais les personnages sont conformes à ce que l’on connait d’eux. Holmes m’a paru cependant un peu méchant avec Watson à quelques reprises, sans que cela ne gène la manière de percevoir le personnage. L’ambiance du Londres de la fin du 19ème siècle est très bien restituée. On retrouve pas mal d’éléments clés du monde de Sherlock comme le fameux 221 baker street. Concernant les références à la mythologie lovecraftienne, elle est respectée dans les grandes lignes mais semble plus issue de la pensée de Derleth que de celle de Lovecraft.

Certains passages du roman sont réussis comme le récit de la campagne militaire en Afghanistan de Watson flirtant avec l’horreur. D’autres un peu moins comme la fin lorgnant trop vers le grandiloquent à mon goût. L’ensemble de l’enquête malgré les capacités hors normes de Sherlock Holmes semble un peu trop facile, un peu trop téléphoné par moments, les événements arrivent quand il faut au moment où il faut. La palme revenant pour moi aux recherches menées au British Museum où le duo à très facilement accès à la Salle des ouvrages sous séquestre. Cette salle renferme des livres maudits où tout est détaillé, expliqué sur les créatures du mythe, la manière de les vaincre (pour certaines) et on peut même y trouver un exemplaire du Necronomicon! Alors, je proteste énergiquement contre cela car dans toutes les parties de jeu de rôle de l’Appel de Cthulhu que j’ai faites, tout d’abord on ne trouve jamais ce genre de livres à la bibliothèque, même dans des salles cachées et ensuite, la lecture de ce genre de livres entraîne une perte irrémédiable de santé mentale. Or là, nos deux compères n’ont pas l’air affecté par le moins du monde par leur lecture et sont même capables d’écrire un alphabet en r’lyehen.

On peut reconnaître au roman d’être un bon divertissement qui se lit vraiment très facilement et vite, même s’il n’est pas aisé de mélanger la logique de Sherlock Holmes avec l’horreur lovecraftienne. L’intrigue est cousue de fil blanc et le scénario ne casse pas trois pattes à un mi-go, mais on a envie de connaitre le fin mot de l’histoire. Enfin, il faut souligner le très beau travail d’édition concernant l’objet livre avec les pages dorées sur la tranche et les couleurs noires, vertes et dorées de la couverture. Le second volume qui vient de paraître est tout aussi beau mais dans les tons bleutés.

Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell est ainsi un bon divertissement qui part d’une très bonne idée de départ de mélanger deux contextes qu’à priori tout oppose. Le duo de détectives est conforme aux personnages de Conan Doyle et on retrouve bien les caractéristiques des 2 univers. Néanmoins, une intrigue trop facile avec des éléments tombant du ciel gâchent un peu le plaisir pris à la lecture.

Autres avis: Lhotseshar, ActusfElbakin, Bifrost 

cof

Auteur:James Lovegrove

Éditeur : Bragelonne

Parution: 14/02/2018

Automne 1880. Le Dr John Watson rentre d’Afghanistan. Blessé et prêt à tout pour oublier son passé, Watson voit sa vie changer lorsqu’il rencontre Sherlock Holmes. Le détective enquête sur une série de décès survenus dans le quartier londonien de Shadwell. Des victimes qui semblent mortes d’avoir été affamées pendant des semaines ont été retrouvées, alors qu’elles ont été vues en bonne santé à peine quelques jours plus tôt…
Holmes établit un lien entre les morts et un sinistre baron de la drogue qui cherche à étendre son empire criminel. Cependant, Watson et lui sont bientôt obligés d’admettre que des forces sont à l’œuvre dont la puissance dépasse l’imagination. Des forces que l’on peut invoquer, à condition d’être assez audacieux ou assez fou…

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