Dans l’abîme du temps-Howard Phillips Lovecraft

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Présentés dans une traduction remise à jour, les quatre récits qui composent ce recueil sont moins des nouvelles aux sens courant du terme que de vertigineuses plongées dans le monde terrifiant de Howard P. Lovecraft. L’humanité y est aux prises avec des êtres surnaturels qui ont été les maîtres de la Terre, bien avant l’apparition de l’homme et qui tente de recouvrer leur suprématie. Faisant appel aux images, aux mythes, aux récits de toutes les traditions perdues, Lovecraft compose des philtres puissants qui laissent dans les esprits une empreinte indélébile.

Auteur: Howard Phillips Lovecraft , traduction par Simone Lamblin et Jacques Papy.

Éditions Denoël Collection Présence du Futur 1954

Genre: science-fiction, horreur                          274 pages

Ce livre est composé de 4 nouvelles : Dans l’abîme du temps (1936), La maison de la sorcière (1933), L’appel de Cthulhu (1928), Les montagnes hallucinées (1936).

Mon avis:

D’après Michel Houellebecq qui a publié un essai sur Lovecraft intitulé H.P.Lovecraft contre le monde, contre la vie, il y a 8 nouvelles de Lovecraft essentielles et qui constitue le cœur du mythe: les 4 nouvelles regroupées dans La couleur tombée du ciel (voir la chronique) et les 4 nouvelles regroupées dans ce livre. Il est vrai que ces 8 textes sont représentatifs de l’univers de Lovecraft et font partie des meilleurs de l’écrivain américain. Plusieurs adaptations ont été faites de ces nouvelles et je rajouterai à la chronique mon avis sur les bandes dessinées Dans l’abîme du temps et La maison de la sorcière.

Dans l’abîme du temps est une des dernières nouvelles publiées de son vivant. C’est une nouvelle assez longue de près de 90 pages. Elle raconte l’histoire de Nathaniel Wingate Peaslee, un professeur d’économie politique à la célèbre université Miskanotic qui devient soudainement amnésique en perdant connaissance. Son amnésie s’accompagne d’un changement complet de personnalité à tel point que sa femme ne le reconnait plus et demande le divorce. Son état s’améliorera au bout de 5 ans mais il fera alors des rêves étranges. Cette nouvelle poursuit la mythologie créée par Lovecraft avec l’apparition de la grande race de Yith, une race très évoluée technologiquement et qui étudie l’humanité. Cette nouvelle est plus orientée vers le fantastique car on doute de ce qui arrive à  Nathaniel Wingate Peaslee. On suit son histoire sur près de 30 ans et cette nouvelle nous fait découvrir l’Australie. Les voyages dans le temps et l’histoire sont également au cœur de cette nouvelle qui est vraiment d’un très bon niveau avec une idée de base excellente.

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La bande dessinée tirée de cette nouvelle est parue en 2013 et l’auteur est Ian Culbard. Ian Culbard a publié d’autres bandes dessinées tirées de Lovecraft comme l’affaire Charles Dexter Ward.  Cette bande dessinée est très fidèle à la nouvelle et à l’univers de Lovecraft. On y retrouve bien l’ambiance étrange de la nouvelle et les interrogations de son personnage principal face à ce qui lui arrive. Les dessins sont également représentatifs de la mythologie lovecraftienne et permettent de visualiser les créatures. C’est un petit format, un peu plus grand qu’un livre et je trouve ça très pratique. Les descriptions dans la nouvelle sont nombreuses et l’adaptation en bande dessinée est bien faite. J’ai bien aimé lire une bande dessinée sur l’univers de Lovecraft et j’aimerais beaucoup lire les autres adaptations des écrits de Lovecraft.

La maison de la sorcière raconte ce qui arrive à Walter Gilman, un étudiant de l’université de Miskatonic, après qu’il ait choisi d’habiter la demeure de Keziah Mason, une vieille sorcière qui s’était évadée par des moyens inconnus de la prison de Salem en 1692. Walter Gilman est très doué dans ses études et le fait d’habiter cet appartement l’aide dans ses recherches mais peu à peu il est victime d’étranges cauchemars et de fièvre nocturne.  Cette nouvelle est assez plus tournée vers l’horreur avec le thème de la possession. Elle est à la fois très documenté sur le plan scientifique et contient beaucoup d’éléments de la mythologie de Lovecraft avec le Necronomicon et Nyarlathotep, sous son avatar de l’homme noir. L’ambiance de cette nouvelle est assez angoissante et le récit est très prenant. Ce n’est pas une des nouvelles les plus connues de l’écrivain mais elle contient certains des thèmes chers à l’auteur : sciences, mysticisme et horreur.

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L’adaptation de la maison de la sorcière est parue en juin 2016. Patrick Pion signe les dessins et Mathieu Sapin le scenario. L’adaptation tout en étant assez fidèle apporte quelques changements. L’histoire est transposée à notre époque mais toujours dans la ville d’Arkham. Le rythme de l’histoire reste le même que dans la nouvelle, Walter Gilman ayant juste une vie sociale un peu plus développée. L’adaptation à notre époque ne change pas beaucoup la nouvelle, on y retrouve la même ambiance oppressante et angoissante. Les dessins sont très bons et retranscrivent bien l’intensité des cauchemars du personnage principal. La fin est différente de celle de la nouvelle mais elle apporte une vision alternative moins horrifique. Cela reste tout de même une lecture stressante tout à fait dans l’esprit de Lovecraft.

L’appel de Cthulhu est certainement une des nouvelles les plus connues de Lovecraft. Elle a donné son nom au jeu de rôle tiré des écrits de l’écrivain mais aussi à pas mal d’autres choses comme une chanson de Metallica. C’est une nouvelle fondatrice dans la mythologie de l’auteur. Elle commence quand Francis Wayland Thurston hérite des recherches de son grand oncle et d’un étrange bas-relief en argile représentant une créature entre un dragon et un poulpe, muni d’ailes et de tentacules. La nouvelle est assez courte et est divisée en 3 parties assez distinctes: la première est centrée sur la découverte de la statuette, la seconde sur le récit de l’inspecteur Legrasse et d’une secte vaudou alors que la troisième parle du récit d’un naufrage en Australie. Cette partie est pour moi la plus intéressante de la nouvelle avec l’apparition de Cthulhu vraiment très bien décrite. C’est une scène d’une très forte intensité où l’on comprend bien l’horreur des Anciens et l’origine du mythe. Cette nouvelle est vraiment excellente et elle est essentielle dans l’œuvre de l’écrivain. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, il faut y remédier rapidement!

Les montagnes hallucinées est une très longue nouvelle de presque 120 pages. Il est écrit à la première personne par le narrateur William Dyer. Il y a d’ailleurs dans la bande dessinée Dans l’abîme du temps une référence à ce personnage. William Dyer est géologue et travaille à l’université de Miskatonic. Une expédition composée d’une vingtaine de personnes est organisée pour atteindre le cercle polaire antarctique. L’expédition va bientôt découvrir des spécimens biologiques et géologiques inconnus ainsi qu’une chaine de montagnes. Ils découvrent ainsi les restes de créatures inconnues de la science. Les découvertes et les problèmes s’enchainent peu à peu. Lovecraft était passionné par le continent Antarctique, une région inexplorée propice à l’imaginaire, et il avait un goût du détail très développé et on le voit dans cette histoire où les descriptions scientifiques sont très détaillées et justes. Tout est très précis et bien décrit et permet de s’immerger complétement dans cette histoire. Elle est également reliée à la mythologie de Lovecraft avec de nombreuses références aux Anciens. C’est vraiment une excellente nouvelle avec une ambiance à part et glaçante. Elle a notamment inspiré le film The thing où on retrouve la même ambiance glaçante.

Ce recueil de 4 nouvelles de Lovecraft est d’un aussi bon niveau que La couleur tombée du ciel chez Denoël également. L’univers de Lovecraft est vraiment à part et à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas. Pour ceux qui le connaissent, la relecture de ses écrits apportent toujours autant de plaisir.

Autres avis: pour la bande dessinée La maison de la sorcière: Blackwolf, Apophis

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7 commentaires

  1. Excellent article ! Je suis totalement d’accord sur le fait que La maison de la sorcière, si elle n’est pas la nouvelle la plus connue de Lovecraft, est pourtant une des meilleures, du fait de son ambiance particulièrement angoissante et immersive.

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  2. Lovecraft est à la page ces tmps-ci.
    Il y a très longtemps que je ne l’ai lu, et je n’en garde plus grand chose.
    Ton article est excellent et m’a convaincue qu’il me fallait me (re-) lancer dans l’auteur en commençant par le recueil ET la BD

    Merci

    Aimé par 1 personne

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