Apprendre, si par bonheur de Becky Chambers

La rentrée littéraire est riche cette année. Parmi les nouveautés, le dernier roman de Becky Chambers était particulièrement attendu. Après la trilogie Les voyageurs, qui a obtenu le prix Hugo de la meilleure série littéraire en 2019 et le prix Julia Verlanger en 2017 pour les 2 premiers tomes, l’autrice se tourne cette fois vers un roman plus court. Tout comme sa trilogie, Apprendre, si par bonheur est publié en France chez L’Atalante dans la collection La dentelle du cygne. La traduction est également signée par Marie Surgers.

Dans le futur, l’humanité a appris l’existence d’une vie ailleurs dans l’univers. Depuis, des missions sont régulièrement organisées pour se rendre sur différentes planètes et les étudier. Une de ces expéditions, Lawki 6 doit se rendre à destination de la naine rouge Zhenyi. Il y a 4 astronautes à bord du vaisseau en partance: Ariadne O’Neill ingénieure et pilote, Jack expert géologue, Chikondi biologiste et Elena la plus expérimentée des 4 et chargée des études environnementales.

Ariadne est également la narratrice du roman, qui est un journal de bord de leur expédition. Elle raconte dans ce journal leur quotidien sur le vaisseau, leurs découvertes de chacune des quatre exoplanètes que la mission doit aller explorer, les relations entre les membres de l’équipage, mais aussi les différentes préparations reçues par chacun. En effet, pour se rendre sur une nouvelle planète, il faut adapter son corps afin de ne pas subir de dommages. Ce concept s’appelle la somaformation. L’autrice détaille comment les astronautes se préparent avant de se poser sur une planète et les traitements qu’ils reçoivent tels que augmentation de la masse musculaire ou des changements cutanés. J’ai beaucoup aimé cet aspect et la manière dont il est amené dans le récit. On découvre en même temps que les personnages les transformations qu’ils auront en arrivant sur la prochaine planète.

Les quatre planètes où vont se rendre les membres de Lawki 6 sont toutes différentes, les formes de vies qui s’y trouvent sont diverses tout comme les environnements où elles évoluent. La mission des astronautes consiste à se rendre sur ces planètes, à les explorer et à étudier les différentes formes de vie afin d’en apprendre plus sur les conditions d’apparition de la vie. Becky Chambers s’attache à détailler l’environnement de chacune des planètes où se posent les astronautes. Les descriptions des espèces que l’on peut y rencontrer sont crédibles et bien faites. Autre fait à souligner, le roman permet d’apprendre différents éléments sur des domaines allant de la chimie à la génétique, ou encore à la géologie. L’autrice choisit une approche très didactique et jamais ennuyeuse pour exposer ces éléments.

Dans les longues missions liées à l’exploration spatiale, l’aspect psychologique n’est pas à négliger. La mission Lawki 6 dure très longtemps, les astronautes doivent ainsi passer des années ensemble, la majorité du temps en étant enfermés. Becky Chambers parle des difficultés qu’ils peuvent rencontrer, la tension qui peut se produire au fil des mois, de l’évolution de leurs relations tout au long des années. Les personnages sont très humains avec des réactions logiques dans ce genre de situation.

Ce roman est à mon avis assez différent de la précédente trilogie de l’autrice pour plusieurs raisons. En premier lieu la longueur du récit, où Becky Chambers semble plus à l’aise avec ce format court et maîtrise parfaitement le rythme. En second lieu, ce roman n’est pas vraiment de la science-fiction positive, surtout par rapport à ce qui se passe sur Terre. Même si le roman s’intéresse principalement au périple des astronautes, l’autrice n’oublie pas pour autant de parler de la Terre. Le lien entre la mission et la Terre est rendu difficile par la distance, et les informations leurs parviennent difficilement. Cet aspect est assez important dans le roman et a un fort impact sur la mission.

Apprendre, si par bonheur est ainsi un roman d’une incroyable richesse et qui se lit avec un grand plaisir. Il nous offre un merveilleux voyage plein de savoirs et d’émerveillements. Une brillante réussite.

Autres avis: Les lectures du maki, Ombrebones, Le Syndrome Quickson, Chut Maman lit…, Yuyine,

Autrice: Becky Chambers

Édition: L’atalante

Traduction: Marie Surgers

Parution: 20 août 2020

« Nous n’avons rien trouvé que vous pourrez vendre. Nous n’avons rien trouvé d’utile. Nous n’avons trouvé aucune planète qu’on puisse coloniser facilement ou sans dilemme moral, si c’est un but important. Nous n’avons rien satisfait que la curiosité, rien gagné que du savoir. »
Un groupe de quatre astronautes partis explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie : hommes et femmes, trans, asexuels, fragiles, déterminés, ouverts et humains, ils représentent la Terre dans sa complexité.

Cette chronique fait partie du challenge S4F3 de Lutin 82

et du challenge “Summer Star Wars épisode IX” de Lhisbei

Et du challenge “Le Projet Maki” de Yogo

projetmaki

20 commentaires

  1. Merci pour le lien 🙂 On partage un avis semblable : une brillante réussite que ce texte ! Coup de coeur pour moi. D’ailleurs je te rejoins, je trouve que l’autrice brille davantage sur ce format court que dans la série du Voyageur où j’ai par moment ressenti des longueurs.

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  2. Je cale sur le jeu….
    En revanche, j’avais tenté l’aventure avec le tome 1 que je n’ai pu achevé. Je ne vais pas prolongé jusqu’au tome 3! Et ce malgré le bien que tu en dis, en soulignant une légère bifurcation. Bref, je ne vais pas prendre cette route

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