Alien Earth de Megan Lindholm

Si vous pensiez que Megan Lindholm alias Robin Hobb était uniquement une autrice de fantasy, vous faisiez fausse route. Elle s’est en effet aventurée dans le registre de la science-fiction, et du space-opera en particulier avec Alien Earth. Ce roman qui est la seule incursion de l’autrice dans la science-fiction, est paru aux États-Unis en 1992 puis en France en 2006  aux éditions Télémaque. Il a ensuite été publié en 2008 dans la collection SF du livre de poche. Les éditions ActuSf ont réédité le roman en juillet dans la collection « Perles d’épice » avec la même traductrice Claudine Richetin.

Du space-opera écologique

La Terre a été empoisonnée par les humains, à force d’industrialisation et de pollution. Elle n’est plus habitable à long terme et il faut l’évacuer. C’est ce que sont venus dire les Arthroplanes, des extraterrestres, aux humains. Les Arthroplanes sont une race insectoïde vivant en cohabitation avec des créatures appelées Aniles. Ils sont venus en aide aux humains et ont évacués le plus grand nombre possible d’humains vers deux planètes jumelles, Castor et Pollux. Le voyage spatial s’est fait grâce à des vaisseaux vivants appelés, des « Anilvaisseaux ». 

Cependant, l’implantation sur ces planètes a nécessité de nombreuses concessions pour les survivants humains. Ceux-ci doivent subir des manipulations génétiques forcées afin de pouvoir au mieux s’acclimater à leur nouvel environnement et surtout ne pas le dégrader. En effet, l’écologie est devenue la priorité numéro 1 sur ces nouveaux mondes, tout est fait pour que l’impact humain soit le moindre possible, et les humains sont sous haute surveillance par le Conservatoire afin de ne pas contrevenir aux règles et risquer de détruire leurs terres d’accueil. Les années passent, la vie s’organise sur Castor et Pollux mais certains commencent à penser que tout n’est peut-être pas aussi simple. C’est le cas de Terra Affirma, une fondation qui pense que la Terre est maintenant de nouveau habitable. Sous couvert d’une mission de routine, une expédition est ainsi lancée par Terra Affirma avec l’Anile Evangeline et à son bord le capitaine John Gen-93-Beta, Connie son second et Tug, un Arthroplane enkysté qui communique avec Evangeline et la dirige.

Le concept des vaisseaux spatiaux vivants dans lequel les humains sont plongés dans de longues périodes d’hibernation est bien trouvé et intéressant. L’idée générale du roman, bien que pas foncièrement originale à l’époque de sa réédition, est intéressante surtout grâce à l’aspect écologique très présent dans le roman. Les questionnements sur l’écologie et l’environnement sont nombreux, la vie sur Castor et Pollux étant à l’opposé de celle menée sur Terre. Cet aspect du roman est vraiment captivant et incite à la réflexion. 

Un roman pas exempt de défauts

Une fois le cadre posé et les personnages présentés, le récit tourne autour d’un huis-clos où on découvre que Tug l’Arthroplane a un comportement des plus étranges avec les passagers. Le problème est que le rythme du roman est beaucoup trop lent pour maintenir l’intérêt autour de ce huis-clos. Plusieurs chapitres passent où il ne se passe quasiment rien hormis des flashbacks sur la vie de certains personnages. Ce n’est pas vraiment inintéressant, mais cela nuit aux enjeux dramatiques qui tombent à plat assez rapidement. Les relations entre les différents protagonistes humains et non humains sont assez ambiguës et Megan Lindholm met du temps à les mettre en place, sans doute beaucoup trop, en relatant les différents souvenirs de chacun. Cela permet néanmoins de mieux comprendre les différents personnages et leurs désirs. Les humains sont assez communs, sans véritable originalité, la surprise vient plutôt du côté de Evangeline et de son évolution.

Plusieurs questions sur l’univers sont laissées en suspens sans véritable réponse avec une fin un peu rapide, pas vraiment concluante, donnant un aspect inachevé au roman. La question du rôle du Conservatoire par exemple évoquée au début du roman et qui semble avoir un rôle surpuissant et inquisiteur n’apparaît plus par la suite, sans qu’on sache ses intentions réelles, ses buts et motivations.

Alien Earth est ainsi un roman assez étrange surtout dans l’œuvre de son autrice Megan Lindholm. Le livre incite à la réflexion sur nos actes et leurs conséquences, sur l’écologie, sur notre impact sur l’environnement. Certains aspects sont très réussis mais d’autres beaucoup moins et des longueurs nuisent clairement au récit. Cette unique incursion de l’autrice dans la science-fiction me laisse un sentiment assez mitigé, que je n’ai jamais eu auparavant avec ses autres romans. Cependant, la plume de l’autrice est toujours aussi agréable et fluide.

Autres avis:

Autrice: Megan Lindholm

Édition: Actusf

Parution : 3 juillet 2020

Quand les Arthroplanes, des créatures insectoïdes à bord de vaisseaux vivants, ont déclarés aux humains que leur planète était mourante, les humains ont accepté leur sort : une grande évacuation était nécessaire. Transportés sur deux planètes jumelles à l’harmonie parfaite, un certain équilibre semble avoir été trouvé.

Alors pourquoi demande-t-on à John d’aller vérifier si la terre est belle et bien morte ? Et pourquoi rallier son sol d’origine quand sa propre espèce n’y a plus mis les pieds depuis des centaines de générations ?

Cette chronique fait partie du challenge “Summer Star Wars épisode IX” de Lhisbei.

8 commentaires

  1. J’ai bien aimé le roman mais, comme toi, j’ai trouvé qu’il avait des longueurs. Pour moi, c’est surtout le démarrage qui m’a paru trèèèès lent ! Je crois que je me suis accrochée bien sur toute la première moitié du roman (et vu l’épaisseur, ce n’est pas peu dire^^’) mais la deuxième moitié, une fois attachée aux personnages, je m’y suis déjà mieux retrouvée. Et je trouve les réflexions amorcées pas mal intéressantes. La fin est précipitée, en effet, même si je l’ai plutôt bien aimée (peut-être justement en réaction à la lenteur du début ! ^^).
    Je n’avais pas noté ce problème d’incohérence avec la disparition du Conservatoire mais maintenant que tu le dis, je reconnais que c’est un vrai problème !

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