Les continents perdus – anthologie

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Les continents perdus est un recueil de cinq textes choisis par Thomas Day parus chez Denoël dans la collection Lunes d’encre. Les textes ont été traduits par Jean-Daniel Brèque. Ils sont précédés d’une introduction signée Thomas Day, chaque texte est également présenté par la suite par l’auteur. Au sommaire, on retrouve Walter Jon Williams, Ian R. MacLeod, Michael Bishop, Lucius Shepard, Geoff Ryman. La thématique commune est le voyage, la découverte de continents perdus ou non. Le texte de Geoff Ryman a obtenu le World Fantasy Award en 1985. Les textes sont des novellas, à part celui de Ian R. MacLeod beaucoup plus court.

Le recueil s’ouvre avec Le Prométhée invalide de Walter Jon Williams qui se déroule en Europe au début du XIX ème siècle. L’empereur Napoléon vient de perdre la bataille de Waterloo. Le texte est une uchronie où Lord Byron n’est pas né avec un pied bot et a pu choisir une carrière militaire. Il n’est ainsi pas devenu poète. Il n’a pas connu Mary Shelley, et son époux de la même manière, et le séjour à la villa Diodati n’a pas eu lieu. Or c’est durant ce séjour que d’après la légende l’idée de Frankenstein est venue à Mary Shelley et Le Vampire à John William Polidori. Le texte est intéressant et met en scène le personnage de l’écrivaine de belle manière, mais il souffre de longueurs qui rendent sa lecture quelque peu indigeste.

Tirkiluk de Ian R. MacLeod situe son histoire dans le grand froid du Groenland, en pleine seconde Guerre mondiale. Le personnage principal est venu en Arctique pour y stationner du fait de son statut de scientifique et militaire. Le texte est le plus court du recueil et met en scène de très belle façon l’enfermement, la désolation d’un endroit désolé, l’isolement intérieur ainsi que les coutumes des esquimaux. Très bon texte, bien écrit et glaçant.

Apartheid, Supercordes et Mordecai Thubana de Michael Bishop se déroule en Afrique du Sud en plein régime de l’Apartheid. Gerrit Myburgh, homme blanc et aisé circule à bord de sa Cadillac Eldorado neuve quand il heurte accidentellement un éléphant. Il se voit contraint de monter à bord de l’autobus 496 où il va rencontrer Mordecai Thubana. Il va ainsi découvrir la réalité de ce régime odieux. Le texte est un peu long par moments mais également glaçant, d’une manière très différente par rapport au précédent. Il montre la réalité de ces années horribles, d’une manière bouleversante et très réaliste.

Le train noir de Lucius Shepard se déroule aux États-Unis, du moins pour le début du récit qui s’intéresse aux défavorisés, aux vagabonds. Le personnage principal est un vagabond qui a choisi de vivre sur la route et se voit contraint de monter à bord du train noir pour suivre son chien. Il va ainsi découvrir le Delà, un endroit situé hors de l’espace connu et du temps. Il offre aux abandonnés de la société une nouvelle vie, une terre d’asile. Mais quel est vraiment cet endroit et surtout que cache t’il ? Autant de questions qui ne trouveront pas forcément de réponses mais un texte puissant, bourré de réflexions et très bien écrit comme toujours avec Lucius Shepard.

Enfin, Le pays invaincu de Geoff Ryman nous emmène au Cambodge imaginaire où la guerre n’est jamais loin. L’héroïne est Troisième, ainsi prénommée parce qu’elle est le troisième enfant d’une famille. Troisième fuit la guerre et traversera de nombreuses épreuves. La détresse de la jeune femme est palpable révélant celle d’un pays en souffrance. Un très beau texte parlant d’un sujet terrible, et peu traité en imaginaire.

Les continents perdus est ainsi un très beau recueil qui nous fait voyager tout en nous faisant réfléchir. Les textes parlent de notre monde, de conflits, d’horreurs de notre époque. Les récits nous entraînent dans des territoires peu vus, offrant effroi, tristesse, beauté et dépaysement.

 Autres avis :Boudicca, Elbakin,

sdr

Anthologie proposée par Thomas Day

Sommaire:

  • Le Prométhée invalide de Walter Jon Williams
  • Tirkiluk de Ian R. MacLeod
  • Apartheid, Supercordes et Mordecai Thubana de Michael Bishop
  • Le train noir de Lucius Shepard
  • Le pays invaincu. Histoire d’une vie de Geoff Ryman

Éditeur : Denoël

Parution :15/09/2005

De tout temps, imaginaire et récits de voyage ont fait bon ménage. Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans « L’Odyssée d’Homère », « Les Voyages de Gulliver » de Jonathan Swift ou, plus récemment, « Rihla » de Juan Miguel Aguilera. En vous proposant un tour du monde aux destinations souvent inédites, l’anthologie Les Continents perdus se place dans la continuité de cette tradition littéraire. L’Europe de Mary Shelley ; l’Arctique durant la Seconde Guerre mondiale ; l’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid ; le Delà , ce pays insensé que l’on rejoint en prenant le Train Noir ; et, enfin, un Sud-Est asiatique fantasmé, inquiétant, voici les cinq étapes de ce Livre des merveilles moderne où il sera beaucoup question d’injustices, de sacrifices, de petites et de grandes tragédies…

Cette chronique fait partie du challenge The maki project:

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13 commentaires

  1. Je l’ai souvent croisé mais je ne m’y suis jamais intéressé, parce qu’anthologie. Je crois que j’ai eu tort, d’autant plus qu’il y a un texte de Lucius Shepard (*_*). Je le mets dans mon viseur du coup, merci du conseil. ^^

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