Dans l’abîme du temps – Gou Tanabe

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Après l’excellente adaptation de Les Montagnes hallucinées en deux tomes, Gou Tanabe poursuit son exploration des Chefs-d’œuvre de Lovecraft. Cette fois, c’est la nouvelle Dans l’abîme du temps qu’il a choisi d’adapter, en un tome seulement. L’objet livre est à nouveau de très belle qualité avec une couverture souple type simili-cuir gris. Le livre a ainsi l’aspect d’un carnet de voyages.

Dans l’abîme du temps est une des dernières nouvelles publiées du vivant de Lovecraft dans le pulp Astounding Stories en juin 1936. Le texte est assez long, il a été rédigé entre fin 1934 et début 1935. Comme c’est une nouvelle écrite tardivement dans la carrière de Lovecraft, on y trouve de nombreuses références à l’univers créé par l’auteur : la maison de santé d’Arkham, la célèbre université de Miskatonic, le fameux Necronomicon, le Culte des Goules ( signé par le comte d’Erlette, private joke comme aimait en faire Lovecraft, destinée à August Derleth). On retrouve également le professeur William Dyer, directeur des études géologiques à l’Université de Miskatonic, présent dans les Montagnes hallucinées.

Dans l’abîme du temps est l’histoire de Nathaniel Wingate Peaslee, professeur d’économie politique à l’université Miskatonic. Personnage sans histoire, ne s’intéressant pas à l’occulte ou à l’aventure, cet homme est frappé d’un étrange malaise en plein cours en mai 1908. À son réveil, il semble frappé d’une amnésie très sévère et sa personnalité s’avère vite très différente de celui qu’il était auparavant. Cette amnésie durera jusqu’en septembre 1913, où le professeur semble redevenir lui-même. La nouvelle compte 8  chapitres et suit les pérégrinations du professeur Peaslee qui cherche à comprendre a posteriori ce qui s’est passé durant ces 5 années. Le récit est raconté par Peaslee qui écrit à son fils, on a ainsi une distanciation par rapport aux événements. Gou Tanabe procède de la même manière dans cette adaptation.

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Comme souvent chez Lovecraft, le personnage principal est un érudit et un homme solitaire. Saut qu’au tout début de sa mésaventure, Peaslee était marié et père de famille. Mais cette période d’amnésie va lui coûter son mariage et ses enfants. Seul un de ses fils restera proche de lui et l’aidera à comprendre ce qui lui est arrivé, et par qui il a été possédé durant ces 5 ans. Pour cela, Peaslee se rendra en Australie à la recherche de réponses et de preuves, accompagnant les recherches d’un chercheur australien puis de membres de l’université de Miskatonic.

Il n’est pas étonnant que Gou Tanabe ait choisi d’adapter ce texte après Les montagnes hallucinées, car les 2 récits sont un certain nombre de points communs. On trouve des expéditions scientifiques dans les 2. Elles ont lieu dans des parties du monde encore peu connues, l’Antarctique et le désert australien, des endroits peu habités, propices aux découvertes extraordinaires. Les deux textes sont des récits d’exploration, même si c’est plus poussé dans les Montagnes hallucinées. L’architecture et la science ont une part très importante dans les 2 textes. Lovecraft offre d’ailleurs des descriptions architecturales très détaillées. Il donne également un très bon aperçu des représentants de la Grand-Race, on n’est plus dans l’indicible pour une fois.

 Il y avait ainsi beaucoup de matières à adapter dans le texte original, et Gou Tanabe s’en tire à nouveau à merveille. Il reste très proche de la nouvelle dans sa structure et son histoire, mais arrive également à y apporter sa touche personnelle. Le dessin est en noir et blanc, hormis quelques planches en couleur dans des tonalités froides. Le dessin est extraordinairement précis et vivant, autant pour les personnages que pour les paysages. Le dessin va même au delà du texte original surtout dans les souvenirs du professeur Peaslee. Les créatures sont présentes, expressives, terriblement réalistes. Que dire de ces décors magnifiquement rendus? On reste bouche bée devant de telles planches qui rendent un si bel hommage aux écrits de Lovecraft.

Une chose est certaine, l’alchimie entre Gou Tanabe et Lovecraft fonctionne à merveille, après l’excellent Les Montagnes Hallucinées, et c’est un véritable plaisir de lire cette adaptation de Dans l’abîme du temps.

Autres avis: FeydRautha, Gromovar,

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Auteur : Gou Tanabe

Collection: Les Chefs-d’œuvre de Lovecraft

Parution : 19 Septembre 2019

Éditeur : Ki-oon

Dans l’abîme du temps : certaines choses devraient rester cachées pour l’éternité…

En 1935, au fin fond de l’Australie, le Pr Nathaniel Peaslee recherche avec frénésie les traces d’une civilisation inconnue. Il ne comprend pas pourquoi, mais il connaît ces lieux, comme si un autre avait implanté des souvenirs en lui. Il sait que quelque chose d’aussi mystérieux que terrifiant se tapit, là, dans les profondeurs du sable du désert…

Son monde a été chamboulé près de 30 ans plus tôt. À l’époque, il enseigne à la prestigieuse université de Miskatonic. Il mène une vie paisible, entouré de sa femme et de ses enfants… jusqu’au jour où il s’effondre en plein cours. À son réveil, personne ne le reconnaît. Il a toujours la même apparence, mais semble avoir perdu la raison ! Il parle un dialecte inconnu et se comporte comme un étranger. Pire, il se prend de passion pour les sciences occultes, allant même jusqu’à se plonger dans l’étude du Necronomicon, ouvrage maudit entre tous…

Gou Tanabe reprend la plume pour offrir une nouvelle adaptation d’un chef-d’œuvre de H. P. Lovecraft ! Dans l’abîme du temps est une référence de la science-fiction, combinant avec maestria deux de ses thèmes majeurs : le voyage dans le temps et le transfert de personnalité. Mais surtout, l’auteur y crée un vaste univers oppressant et fantastique, où l’homme n’est pas le seul à être terrifié par l’inconnu…

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