Underground Airlines – Ben H.Winters

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Underground Airlines est une uchronie de Ben H. Winters publiée chez ActuSF. L’auteur avait auparavant publié une trilogie parue chez 10-18. Underground Airlines a été récompensé par le prix Sidewise à sa parution en 2016. Ben H.Winters a également reçu le Grand Prix de l’Imaginaire du meilleur roman étranger de l’année.

Une histoire alternative des États-Unis

Le roman se déroule aux États-Unis de nos jours, mais pas dans le pays tel qu’on le connait. En effet, quatre états (Alabama, Louisiane, Mississippi, et une Caroline unifiée) pratiquent encore l’esclavage, et cela le plus légalement possible. Le point de basculement historique est la mort d’Abraham Lincoln, assassiné en 1861. Les deux camps opposés dans le début de la guerre de Sécession décident alors d’arrêter le combat. Un amendement à la Constitution stipule alors que chaque État est libre de maintenir ou d’abolir l’esclavage. Les Hard four choisissent ainsi de garder leurs esclaves et n’ont jamais changé d’opinion depuis. Les esclaves sont appelés par le doux euphémisme de travailleurs affiliés (TA) qui sonnent mieux et laissent penser que leur situation n’est pas si horrible que cela. Des réseaux se sont créés pour tenter de faire fuir certains esclaves et de leur faire gagner le Nord, puis la sûreté du Canada. Cependant, les U.S. Marshals traquent ces fugitifs dans le but de leur faire regagner leur état. Victor est un ancien TA qui a réussi à gagner le Nord. Mais il a été retrouvé et contraint à travailler pour une agence gouvernementale. Sa mission consiste à traquer les esclaves en fuite puis à les livrer aux autorités. La dernière affaire confiée à Victor semblait facile et pourtant rien ne se déroule comme prévu. Son enquête va ainsi mettre à jour de lourds secrets.

Une uchronie sous forme de thriller

L’enquête menée par Victor est en effet au cœur du récit. Le dossier qu’on lui a confié consiste à retrouver un fugitif appelé Jackdaw. Victor s’aperçoit vite que le dossier est un véritable gruyère. Le roman est raconté à la première personne par Victor, immergeant rapidement le lecteur dans le vif du sujet. Le style de l’auteur est fluide et direct, donnant au roman un côté page-turner très efficace. Le rythme du roman est assez intense, les rebondissements sont nombreux et on est pressé de connaitre le fin mot de l’histoire. Autant d’atouts qui jouent en faveur du roman. Cependant, quelques facilités parsèment le récit comme la rencontre avec Martha qui va aider Victor à de nombreuses reprises. Certains points de l’histoire auraient mérités également d’être un peu moins rapides pour frapper plus le lecteur. L’action est très présente dans le roman et prend assez vite le pas sur le reste, ce que j’ai trouvé un peu dommage.

Le roman n’en est pas pour autant manichéen, cela se voit surtout au travers de son personnage principal, le gros point fort du roman. C’est un ancien esclave noir obligé de traquer les siens pour obtenir sa liberté.  Néanmoins, il ne cherche jamais à se justifier ou à se faire pardonner de ses actions. Puis le personnage se découvre peu à peu sous nos yeux, dévoilant son passé, sa tristesse. C’est un personnage nuancé, travaillé et crédible. Le récit étant à la première personne, les autres personnages sont moins marquants, même si Martha parvient à être touchante.

Le portrait de l’Amérique moderne

Le fait d’utiliser une uchronie permet à Ben Winters de parler de l’Amérique moderne et du racisme. L’auteur a construit son roman pour nous amener à réfléchir au comportement des américains de nos jours face à la population noire. Dans le roman, la vie des noirs dans les états du Nord est loin d’être aussi simple que celle des blancs. Le quotidien vécu par Victor le prouve à de multiples reprises. L’égalité est loin d’être acquise alors qu’elle est censée l’être dans les états du Nord, comme dans l’Amérique de nos jours. L’auteur insiste surtout sur ce fait dans les États du Nord. La situation vécue par les esclaves dans le Sud est aussi évoquée mais un peu trop brièvement, certainement pour faire réfléchir le lecteur sur une situation proche de celle des États-Unis contemporains.

Underground Airlines est donc un roman qui marque les esprits. L’uchronie et le point de divergence choisis sont très bien construits et amènent une réflexion sur l’Amérique moderne. Le thriller prend cependant un peu trop le pas sur l’uchronie, ce qui affaiblit quelques peu la portée du roman.

Autres avis: Boudicca, Les Chroniques du Chroniqueur, Dup (Book en Stock), Xapur (Les lectures de Xapur), Yogo, OmbrebonesMarieJuliet, Zina, Lune, RSF blog

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

sdr Auteur : Ben Winters

Éditeur : Actusf

Parution:04/10/2018

Amérique. De nos jours. Ou presque.

Ils sont quatre. Quatre États du Sud des États-Unis à ne pas avoir aboli l’esclavage et à vivre sur l’exploitation abjecte de la détresse humaine. Mais au Nord, l’Underground Airlines permet aux esclaves évadés de rejoindre le Canada. Du moins s’ils parviennent à échapper aux chasseurs d’âmes, comme Victor. Ancien esclave contraint de travailler pour les U.S. Marshals, il va de ville en ville, pour traquer ses frères et sœurs en fuite. Le cas de Jackdaw n’était qu’une affaire de plus… mais elle va mettre au jour un terrible secret que le gouvernement tente à tout prix de protéger.

Un roman d’une brûlante actualité qui explore sous le faisceau de l’uchronie une Amérique bien trop familière…

 

17 commentaires

  1. Merci pour le lien 🙂 personnellement je n’ai pas trouvé que le thriller prenait trop le pas sur l’uchronie. J’ai ressenti pleinement la force du propos mais bon c’est une question de sensibilité ! Chouette chronique en tout cas ‘)

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