Madharva – Mathieu Rivero

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Madharva est le second roman des éditions Sillex après Face au dragon d’Isabelle Bauthian. Les éditions Sillex ont pour objectif de créer un circuit plus court du livre et ainsi de mieux rémunérer ses auteurs avec un droit d’auteur à 30% (voir leur site). Madharva offre un changement de genre puisque après un roman de fantasy, c’est cette fois un roman de Cyberpunk que nous propose les éditions Sillex. Le roman avait auparavant été publié en numérique chez Walrus éditions et chez Rivière Blanche sous le titre La voix brisée de Madharva. Le roman a été remanié pour cette nouvelle édition et bénéficie également d’une nouvelle couverture.

Madharva est un roman cyberpunk se déroulant dans le siècle prochain. Le cyberpunk est un sous genre de la science-fiction où on trouve une société technologiquement avancée dans un futur proche du notre. La violence et le pessimisme sont monnaie courante dans les univers cyberpunks. Parmi les thématiques, on retrouve l’intelligence artificielle, la technologie et son effet sur l’humain, l’informatique, les multinationales. Le cyberespace a aussi beaucoup d’importance dans les œuvres cyberpunk. Le genre questionne le rapport entre l’humain et la machine, et notre rapport au futur.

Le roman de Mathieu Rivero remplit toutes ces caractéristiques. L’univers dépeint par l’auteur est dominé par la technologie au point que les modifications corporelles à base de technologie sont devenues banales. Toute partie du corps quasiment peut être remplacée par une prothèse mécanique et les gens qui ont des prothèses sont appelés « Augmentés » en opposition aux Naturels qui ont leur corps « d’origine ». Les mégacorporations dominent, la nature est de plus en plus rare, l’ambiance générale est sombre. Cependant, on sait assez peu de choses sur l’univers. Une annexe développe pas mal d’éléments de l’univers mais il aurait été plus judicieux à mon sens de les intégrer dans le récit. Cela aurait permis aux lecteurs de mieux comprendre certains éléments et de s’en imprégner. Pour les lecteurs connaisseurs du genre, on s’y retrouve mais pour les néophytes, un peu plus d’explications de certains concepts n’auraient pas été de refus.

L’intrigue du roman peut se rapprocher du policier. David de Vries est un ancien soldat, un Casque Noir, reconverti en enquêteur. Par besoin d’argent, il accepte une affaire confiée par une amie pour laquelle il s’agit de retrouver les agresseurs de la chanteuse cyborg ultra célèbre Madharva. L’enquête doit être menée discrètement car l’agression de la chanteuse doit restée secrète. L’enquête de David va le mener vers des groupuscules extrémistes prônant les valeurs des Naturels au détriment des augmentés. La chanteuse Madharva, n’ayant presque plus rien d’humain, est en effet vu comme une porte parole des augmentés, ce qui est reflété par les textes de ces chansons. L’enquête amène ainsi son lot de questionnements sur les augmentations des capacités physiques grâce à des implants cyber et nanotechnologiques. Les implants sont fabriqués par les grosses entreprises, et utiliser de la cybernétique revient à être dépendant des corporations qui sont les reines des augmentations. Ces questionnements sont au cœur du roman et sont très bien traités sans parti pris par l’auteur. Le roman accentue ainsi la réflexion sur les augmentations et leurs conséquences pour les hommes sur le plan physique et psychologique et parle ainsi du droit à la différence.

Du côté des personnages, ils sont assez classiques. David est un détective assez typique du roman noir, là où il se différencie un peu, c’est sur ses réflexions par rapport à la cybernétique. Madharva manque un peu de profondeurs. Du côté des personnages secondaires, ils sont intéressants mais correspondent un peu à des archétypes. Le roman est rythmé et les péripéties sont nombreuses. Les passages dans le cyberespace sont bien décrits et amènent beaucoup d’intensité au récit.

Madharva offre ainsi un moment de lecture détente sous fond de questionnement sur le transhumanisme et les augmentations cybernétiques. L’univers aurait gagné à être un peu plus développé. Mais on se laisse facilement prendre par l’intrigue et par l’aspect artistique entrelacé au cyberpunk.

Autres avis: Chut Maman lit, le comptoir de l’écureuil

cof Auteur : Mathieu Rivero

Éditeur: Projet Sillex

Ancien Casque Noir, enquêteur chevronné, hackeur sur les bords, David De Vries fait parfois de mauvais choix. Accepter de traquer les agresseurs de Madharva, la chanteuse cyborg la plus populaire du moment, entre dans cette catégorie.

Se plonger au sein du conflit qui oppose transhumanistes et gardiens du corps, également.

Dans le clair-obscur urbain, au milieu d’une enquête qui poussera David contre tous les murs, clignote au loin un néon : l’Art.

Suivrez-vous la voix de Madharva ?

 

Cette chronique fait partie du challenge S4F3s5

s4f3-s5

5 commentaires

  1. Ce que tu en dis donne envie mais ce n’est pas le type d’univers auquel j’accroche, je vais donc passer mon tour malgré tout (sinon, nous avons la même « lecture en cours », comme souvent ^^)

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