Anthologie ImaJn’ère 2019 : frontières

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Depuis 2010, l’association imaJn’ère a pour but de promouvoir les littératures dites « populaires » que sont le polar, la science-fiction, le fantastique, la fantasy et l’horreur. Pour cela, l’association organise divers évènements à destination des librairies et bibliothèques. Elle organise également un festival de l’imaginaire à Angers avec des tables rondes, des expositions, des animations et des jeux. Cette année, le festival aura lieu les 8 et 9 juin.  L’association édite aussi chaque année une anthologie dont le thème change chaque année. L’anthologie regroupe des auteurs professionnels et amateurs ainsi que des illustrateurs. Vous pouvez trouver les différentes anthologies ici. Le thème de l’anthologie 2019 est Frontières, thème vaste et d’actualité.

Cette anthologie contient 24 nouvelles avec des auteurs connus, et d’autres moins. Tous les textes sont illustrés, je met le sommaire à la fin de cette chronique. La thématique est traitée de différentes manière suivant les auteurs et les genres qu’ils ont choisi d’aborder. On trouve en effet tous les genres représentés dans ce recueil, même si les textes purement polar sont un peu moins nombreux. Jrmy Bouquin dans Une colline avant l’enfer situe son récit pendant la seconde guerre mondiale et parle de meurtres de prostituées sous fond de trafic de drogues avec une frontière liée à la guerre entre pays. Francis Carpentier dans Embarras de transit a choisi une nouvelle policière un peu sombre où il est question de convoi non autorisé, la fin du texte est un peu trop abrupte. Dans La frontière sans loi, Julien Heylbroeck choisit comme personnage principal un catcheur justicier qui remplit des contrats.

Le thème de frontières est parfois associé à d’autres thèmes d’actualité comme la guerre ou les problèmes environnementaux. Dans Floréal, Camille Leboulanger utilise la frontière pour séparer les régions de bord de mer et Paris dans un texte où un jeune homme subit de plein front une catastrophe écologique. Dans Last Frontier, Laurent Whale imagine un futur où l’homme a voulu coloniser Mars et où des créatures hybrides se sont développées dans les océans, un texte un peu trop court avec trop d’informations. Pierre-Paul Durastanti que l’on connait comme traducteur signe ici une nouvelle intitulée Tango bleu. Le texte présente un monde futuriste où la montée des eaux a engendré de nouvelles manières de vivre. La nouvelle est assez longue, elle date de 1983 et avait été publiée dans un numéro spécial SF de la revue Brèves en 1986. Beth Greene dans Indigo, une des nouvelles les plus réussies du recueil, imagine un monde où le réchauffement climatique a entraîné deux saisons, et où des murs ont été érigés aux frontières.

Dans Therminator Land, Philippe Caza imagine une terre dont l’angle s’est changé, ce qui a entraîné un côté froid et un chaud avec une zone frontière entre les 2 appelée Therminator. La nouvelle est placée sous le signe de l’humour et de la science-fiction. Autre nouvelle de science-fiction, mais sans humour cette fois, Si tous les aliens du monde…  de Jean-Laurent Del Socorro, l’auteur situe son texte dans l’univers d’un roman de Laurent Genefort  Points Chauds . Des bouches sont apparues sur Terre dans un futur très proche et des aliens passent au travers d’elle pour arriver sur Terre. Les humains peuvent aussi emprunter ces portes pour aller explorer d’autres mondes. La nouvelle parle ainsi du problème des réfugiés et de l’accueil qui leur est réservé dans la terre d’accueil. C’est à nouveau une réussite pour Jean-Laurent Del Socorro qui avait déjà écrit dans cet univers dans une nouvelle intitulée La mère des mondes paru chez le bélial en 2012.

La frontière pour d’autres auteurs représente une barrière entre deux mondes bien différents, celui des vivants et celui des morts. Brice Tarvel dans Messager des morts met en scène un mort qui transmet des messages aux vivants et en profite pour voir son ancienne compagne. Myrtille Bastard offre le témoignage d’une femme passeuse d’âme dans un texte appelé logiquement La Passeuse d’âmes. Lionel Davoust dans Causes de la mort parle d’un homme venant de mourir et arrivant devant un tribunal s’interrogeant sur les raisons de sa mort pour savoir où il va aller. Romain d’Huissier met en scène la journée d’un fonctionnaire travaillant aux enfers dans le texte qui ouvre l’anthologie Une journée ordinaire, texte agréable à lire et belle entrée en matière.

D’autres textes sont plus ancrés dans notre monde comme La légende de Lémutopia de Samantha Chauderon. La nouvelle suit le parcours de deux enfants passionnés de figurines qui se créent un village et un monde de rêve. Leurs disputes entraînent la séparation du village en deux et l’autrice fait un beau parallèle avec la guerre. Ophélie Bruneau met en scène une femme détective privée qui va enquêter sur la disparition d’un homme dans L’homme dans la fontaine. L’idée du texte est très bonne, il est juste dommage que l’autrice aille un peu vite par moments.

Avec La Forêt des Ombres, Yaël July porte la frontière dans le domaine de la fantasy en mettant en scène un combat entre des chevaliers aidés d’une fée et un seigneur des ombres. Alex Evans opte elle pour l’urban fantasy dans Une journée ordinaire, texte qui clôt l’anthologie en parlant de la journée d’une livreuse de colis. Patrice Verry dans Un personnage de papier utilise une expérience scientifique liée à la téléportation avec une frontière vers une autre dimension. La frontière peut être bien réelle comme dans Quarante-neuf  de Jérôme Verschueren où un homme veut changer de quartier à Paris pour espérer augmenter son espérance de vie. Mais la frontière peut parfois être floue comme dans La tenancière de Audrey Pleynet où un homme cherche désespérément une frontière dans un monde en perpétuel changement, très beau texte fantastique.

Le thème frontières est donc richement illustré dans cette anthologie 2019 portée par l’association imaJn’ère. Tous les genres défendus par imaJn’ère sont au programme avec des nouvelles variées et de qualité. Il y a à mon sens un peu trop de nouvelles mais c’est à nouveau un beau recueil pour ce festival de l’imaginaire.

Autres avis:Audrey Pleynet

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

Sommaire:

Une journée ordinaire (Romain d’Huissier) Illustration : Antoine Delalande
Therminator Land (Philippe Caza) Illustration : Cindy Canévet
La légende de Lémutopia (Samantha Chauderon) Illustration : Philippe Caza
Messager des morts (Brice Tarvel) Illustration : Candice Roger
Traverser la frontière (B.H.Rogers) Illustration : Mathieu Seddas
Une colline avant l’enfer (Jrmy Bouquin) Illustration : Candice Roger
L’homme dans la fontaine (Ophélie Bruneau) Illustration : Lola Myr’tille Collenot
Floréal (Camille Leboulanger) Illustration : Ronald Bousseau Illustration
La Passeuse d’âmes (Myrtille Bastard) Illustration : Fabien Collenot
Tango bleu (Pierre-Paul Durastanti) Illustration : Lola Collenot
La Forêt des Ombres (Yaël July) Illustration : Cassandre De Delphes
Causes de la mort (Lionel Davoust) Illustration : Tiphs
Last Frontier (Laurent Whale) Illustration : Cassandre de Delphes
Indigo (Ms Beth Greene) Illustration : Lola Collenot
Embarras de transit (Carpentier Francis) Illustration : Fabien Collenot
La tenancière (Audrey Pleynet Auteur) Illustration : Ronald Bousseau
Si tous les aliens du monde… (Jean-Laurent Del Socorro) Illustration : Mathieu Seddas
La frontière sans loi (Julien Heylbroeck) Illustration : Lola Collenot
Cellules communicantes (Sarah Mallet & Romain Mallet) Illustration : Candice Roger
Un personnage de papier (Patrice Verry) Illustration : Mathieu Seddas
Un épisode de la chasse au P. (Robert Darvel) Illustration : Antoine Delalande
Quarante-neuf (Jérôme Verschueren) Illustration : Candice Roger
Le récit de la forêt (Pierre Marie Soncarrieu) Illustration : Cindy Canevet
Une journée ordinaire (Alex Evans) Illustration : Antoine Delalande
Postface (Jean-Hugues Villacampa) illustration: Jacques Pinbouen

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