Qui a peur de la mort ?- Nnedi OKORAFOR

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Les différents avis sur la blogosphère m’ont donnée envie de lire ce roman. Il faut dire que dans le domaine de l’imaginaire, on trouve peu de romans liés à l’Afrique. Celui-ci a reçu plusieurs prix : en 2010 le prix World Fantasy du meilleur roman, et Prix Imaginales du meilleur roman étranger 2014. C’est le premier roman à destination d’un public adulte pour l’auteure après des romans plus young adult.

Qui a peur de la mort? est une œuvre dure et touchante par ses thématiques. Le roman n’est pas difficile à lire grâce à une héroïne très attachante mais certains passages décrivent des actes atroces, que l’on sait malheureusement exister de nos jours sur terre. Le livre décrit l’histoire de Onyesonwu, son nom signifie qui a peur de la mort? Onyesonwu est issue d’un viol : sa mère, une Okeke a été violée par son père, un Nuru, appartantn à la tribu rivale des Okekes. Elle est par conséquent une ewu, une personne rejetée par les 2 peuples et considérée comme quelqu’un qui deviendra violent à son tour. Le fait d’être ewu se voit physiquement, Onyesonwu a la peau et les cheveux couleur sable. Les deux tribus Nurus et Okekes se font la guerre depuis très longtemps, et sont elles même asservies par les Nurus, qui pratiquent des massacres sur eux. Mais tout n’est pas si simple, les deux camps se prêtent à des atrocités dont personne ne sort indemne. Le roman parle ainsi des sujets peu abordés à commencer par le viol comme arme de guerre mais aussi la pratique de l’excision, ou le cas des enfants soldats.

Le roman est raconté à la première personne par Onyesonwu depuis sa naissance. Le début du roman est passionnant malgré des passages durs. Onyesonwu est un personnage très travaillé auquel on s’attache très vite. La vie est difficile pour elle pour de nombreuses raisons, mais elle est combative et touchante. Même si le roman est à la première personne, les personnages secondaires ne sont pas laissés pour compte, les amies de l’héroïne étant elles aussi attachantes, avec chacune leurs défauts et qualités. Elles font du combat d’Onyesonwu leur combat et font preuve d’un grand courage. La relation la plus émouvante est celle de Mwita et Onyesonwu. Tous deux sont ewu et en ont souffert, leur couple est un des points les plus intéressants du récit. Tous les deux ont une vie difficile, mais leur relation est tendre et forte, sans jamais tomber dans le cliché. Les personnages sont un des points forts du roman.

La seconde partie du roman souffre par contre de longueurs. J’ai moins apprécié cette seconde partie où Onyesonwu et ses amies partent pour une quête. Certains passages auraient mérité d’être raccourcis pour que le récit soit un peu plus dynamique. Un des autres aspects du roman qui m’a un peu dérangé est le côté post apocalyptique qui n’est pas assez exploité. On sait assez peu de choses sur l’univers, quelques détails donnés au compte goutte laissent percevoir que l’on se situe dans le futur, un futur où beaucoup de choses ont changé ou ont été détruites. On ne sait pas comment, ni pourquoi, cela parait un peu flou et ne change pas grand chose à la force de l’histoire qui aurait pu se situer à notre époque.

La plume de Nnedi Okorafor est vivante, fluide et vibrante, elle met parfaitement en valeur les émotions des personnages. Elle arrive à parler de nombreux sujets de manière juste sans tomber dans le romantisme pour l’histoire d’amour ou dans l’excès pour dénoncer les faits de guerre. La tonalité du roman est toujours juste. La magie évoquée dans le récit est aussi traitée de manière subtile, avec un apprentissage long et difficile.

Qui a peur de la mort? est donc un très bon roman, émouvant, touchant à des sujets difficiles, avec des personnages forts et attachants. Il est juste dommage que la seconde moitié comporte des longueurs et que l’univers n’ait pas été un peu plus exploité. Le style de l’auteure est très agréable et vivant et il me tarde de lire Kabu Kabu.

Autres avis: Elbakinl’ours inculte,MarieJulietBifrostXapur, dionysos Boudicca, Blackwolf

cofAfrique, après l’apocalypse.
Le monde a changé de bien des façons, mais la guerre continue d’ensanglanter la terre. Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi avant de partir errer dans le désert dans l’espoir d’y mourir. Mais au lieu de cela, elle donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable.
Persuadée que son enfant est différente, elle la nomme Onyesonwu, ce qui signifie, dans une langue ancienne :
« Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’elle grandit, Onyesonwu comprend qu’elle porte les stigmates de sa brutale conception. Elle est « ewu » : une enfant du viol que la société considère comme un être qui deviendra violent à son tour, une bâtarde rejetée par les deux peuples.
Mais sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.

Auteur: Nnedi Okorafor

Éditions: Panini France (06/11/2013)

Traduction : Laurent PHILIBERT-CAILLAT

ActuSF octobre 2017

Cette chronique fait partie du : Le challenge abc litterature de l’imaginaire 2018

18 commentaires

  1. Ah! tu me donnes encore plus envie de le lire malgré tes réserves au sujet des logueurs de la seconde partie. Ma fille me l’a offert à Noël et jusqu’à présent j’ai vraiment apprécié l’écriture su vivante et solaire de Okorafor.

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