Carbone modifié-Richard Morgan

altered carbon

Le roman:

J’ai acheté récemment ce roman après avoir entendu parler de son adaptation en série par Netflix. Dans l’idéal, j’aurai voulu lire le roman avant de voir la série mais malheureusement je n’en ai pas eu le temps, j’ai donc fait l’inverse ! Les deux sont assez différents au niveau de divers points de l’intrigue, ce qui fait que ce n’est pas trop gênant. Carbone modifié est un roman mêlant thriller pour le côté enquête et le cyberpunk pour la technologie. Le livre a été édité en France par les éditions Bragelonne en 2003 et deux suites dans le même univers ont vu le jour. Le roman a obtenu le prix Philip K. Dick en 2003.

La technologie est au centre de l’univers futuriste de Carbone modifié. Les hommes ont conquis de nouvelles planètes mais la vie sur Terre est toujours d’actualité. Les déplacements se font en suburbain et prennent peu de temps. Surtout, un des aspects les plus importants de l’univers est le fait que les humains peuvent tous être digitalisés et sauvegardés dans une pile mémoire située à la base du cortex cervical. Lors du décès de la personne, on installe la pile dans un nouveau corps et le tour est joué. Les corps sont appelés des enveloppes, que l’on peut changer presque à loisir enfin selon ses finances bien entendu… Le quidam moyen doit être assuré pour espérer que son assurance paye sa « résurrection », sans que le corps futur ne soit garanti ressembler au premier, c’est un peu la grosse surprise au réveil! En cas de meurtre, l’État payera pour vous, sauf si la victime est un fondamentaliste chrétien car ils sont opposés à la résurrection, seul Dieu ayant ce pouvoir. Pour les riches, c’est encore différent, ils disposent de clones à volonté et la sauvegarde de leurs souvenirs et personnalité se fait à distance. Ils deviennent quasiment immortels tout en gardant un corps jeune et beau (tant qu’à faire) avec les modifications souhaitées et sont appelés des « maths », abréviation de Mathusalem. En gros, rien ne change : « selon  que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », vous aurez la vie éternelle et toute les technologies modernes en pleine impunité et les autres seront considérés comme des ressources humaines réutilisables à volonté.

Le personnage central du roman est Takeshi Kovacs qui a grandi sur la planète Harlan et ne connait pas la Terre. Kovacs est un Diplo (membre des Corps Diplomatiques), c’est à dire un membre spécial d’une unité militaire supra entrainée. Sa dernière mort a fait de lui un criminel purgeant une peine de prison, ce qui signifie qu’il passe plusieurs années sans corps, sa pile en stockage. Il va pourtant se réveiller sur Terre dans un nouveau corps et s’apercevoir qu’on l’a sorti de prison pour requérir à ses services. Il est engagé par Laurens Bancroft, un math, pour une enquête un peu particulière: trouver qui a voulu l’assassiner , la police ayant conclu au suicide, mais pourquoi se suicider quand on sait qu’on va forcément revenir à la vie dans le même corps grâce aux sauvegardes et clones? Le personnage de Kovacs est hors du commun par plusieurs aspects: physiquement déjà, même dans un autre corps il garde ses capacités de diplo, par son histoire qui en a fait quelqu’un de froid qui n’hésite pas à donner la mort, il est également capable de faire des bonnes actions et touché par la mort d’innocents, il est blasé par tout ce qu’il a vécu. Son passé apparait par petites touches quand il y repense mais pas forcément de manière très claire.

Le roman a une grande part de policier, l’enquête est au centre du récit. À ce titre, on retrouve quelques traits caractéristiques du roman noir surtout au niveau des personnages avec la femme fatale, Miriam Bancroft, le riche puissant qui se croit au dessus de tout. Dans les personnages secondaires, seule Kristin Ortega s’en sort avec les honneurs, en femme flic au fort tempérament. Elle arrive à être touchante dans un monde très dur où on voit passer beaucoup d’horreurs. En effet, le ton du roman est assez explicite et proche du sexe, drogue et rock’n’roll. Il n’est pas étonnant que le nom de l’hôtel où séjourne Kovacs soit « Jimmy Hendrix », représenté par une intelligence artificielle.

Le roman est aussi un roman d’actions avec de nombreux rebondissements. Plusieurs intrigues se mélangent, donnant parfois une impression un peu brouillonne. On a un peu l’impression que l’auteur a recours parfois à des facilités pour amener son personnage là où il veut et souvent à ses capacités de diplo. L’intrigue n’est pas ce que j’ai trouvé de plus intéressant dans le roman. Pour moi, le côté génial de l’ouvre réside dans son univers et dans le concept des piles mémoires. Ce concept permet à l’auteur d’aborder plusieurs points captivants comme la mémoire du corps que l’on emprunte, la question de l’âme, des souvenirs, de ce qui fait un humain, de savoir si on peut séparer aussi simplement corps et esprit. Toutes ces thématiques sont bien amenées et plus attractives que l’enquête policière baignant dans le sordide. En effet, à la lecture du texte, on ne peut éviter de se demander comment est ce qu’on réagirait si la personne aimée changeait de corps, garderait on les mêmes sentiments? Comment réagir si on retrouve l’homme qu’on aime avec les souvenirs et la personnalité d’un autre? Peut on vraiment dissocier personnalité et corps?

Carbone modifié est un roman survitaminé mélangeant policier et science dans une ambiance cyberpunk marquée. Quelques passages sont un peu longs et flous, cependant l’idée des piles mémoires et l’utilisation qui en est faite dans le roman est vraiment excellente. Une très bonne lecture pleine d’actions, de rebondissements dans un univers extrêmement riche.

Autres avis: Lutin 82, l’épaule d’orion, Lecture 42, Gromovar, Lhisbei, Le chien critique
L’image contient peut-être : chatDans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ?

Auteur: Richard Morgan

Date de parution : 25/03/2003

Traducteur : ANGE (pseudonyme d’Anne et Gérard Guéro)

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La Série:

Les adaptations de romans de l’imaginaire sont assez nombreuses en ce moment. Cela a débuté avec Game of thrones. Depuis, il y a eu l’excellente adaptation de La servante écarlate, celle de American gods et plus récemment Altered Carbon sur Netflix. Il y aura également très prochainement l’adaptation de Terror de Dan Simmons.

Il faut dire que le roman de Richard Morgan se prêtait très bien à une adaptation visuelle. Le rythme survolté, le fait de mêler policier et cyberpunk et l’univers donnaient envie de voir ce que donnerait le roman à l’écran. Le choix de l’adapter en série et non en film permet de développer certains points tout en n’en laissant pas de côté.

Le début de la série est très proche du roman et suit la même intrigue général, l’enquête sur la mort de Laurens Bancroft. Ensuite, quelques points divergent légèrement. Le Raven, avec une esthétique très étudiée mixant corbeau et une intelligence artificielle ressemblant fortement à Edgar Poe, remplace le Hendrix. Son rôle dans l’histoire est aussi plus important que celui du Hendrix. Surtout, l’intrigue de la série se complexifie plus que celle du roman en changeant notamment certains personnages et leurs relations avec Kovacs. Le fond n’est pas vraiment différent mais certains personnages sont tout autre. Un certain manichéisme apparaît aussi un peu plus dans la série dû à certains traits de caractère un peu forcés des personnages (le côté justicier d’Ortega, la vengeance de Elliott) et à la fin également.

Au niveau visuel, la série ressemble beaucoup à Blade Runner. Les grands immeubles de la ville de Bay City (San Francisco) avec leurs écrans géants, la lumière, les voitures volantes, la pluie omniprésente, tout cela fait penser à Blade Runner. Les effets spéciaux sont très réussis et la série est très agréable à regarder.

La réalisation est efficace, avec chaque fin d’épisode donnant envie de voir la suite.  Côté casting: James Purefoy campe très bien un Laurens Bancroft qu’on adore détester, Martha Higareda fait ressortir la femme forte qu’est Kristin Ortega même si elle correspond assez  la vision du flic que l’on a l’habitude de voir à l’écran, Joel Kinnaman, avec des muscles qui n’existent pas, s’en sort très bien dans le rôle de Takeshi Kovacs, faisant bien ressortir son cynisme et sa froideur.

Altered Carbon est une excellente série, à la fois différente et fidèle à l’univers du roman qui l’a inspirée. Le seul petit bémol mais que l’on pourrait aussi donner au roman par ailleurs, est que certains points de l’univers ne sont pas utilisés, comme la colonisation des planètes, l’histoire étant centrée sur une enquête. Ces éléments seront peut être utilisés dans la suite. Le roman ayant 2 suites, une saison 2 serait envisagée.

Autres avis:Xapur (Futurs présents)

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Série américaine en 10 épisodes mise en ligne le sur Netflix.

Acteurs :

  • Joel Kinnaman
  • James Purefoy
  • Martha Higareda
  • Kristin Lehman
  • Dichen Lachman
  • Renée Elise Goldsberry

L’épisode pilote est réalisé par Miguel Sapochnik

 

 

11 commentaires

  1. Ce roman est dans ma PAL, il me fait très envie aussi et je résiste à la tentation de regarder la série pour le lire d’abord ! Ta chronique ne m’aide pas à patienter jusqu’en juin (vu que je suis dans le challenge du printemps de l’imaginaire francophone) ._.

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  2. J’ai procédé à l’inverse de toi j’ai donc lu le roman avant de voir la série.
    J’avais effectivement une vision de l’environnement un peu plus éloigné de ce qui est présenté dans la série. C’était un peu plus lumineux, surtout de jour, dans mon esprit. Mais j’ai toutefois beaucoup aimé.

    De même j’ai adoré l’hôtel dans les deux média; même le personnage de Kovacs.

    En revanche, j’ai préféré l’intrigue du livre plus « saine » et plus rationelle dans le roman. Mais sans doute l’influence de la série peut modifié notre perception.

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    • J’ai aimé les 2 intrigues car du coup on voit une intrigue différente. J’ai beaucoup aimé le personnage de Kovacs aussi, même si dans le livre comme c’est lui qui raconte, on le connait mieux. Les deux sont très bien en tout cas 🙂

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