Les derniers jours du paradis-Robert Charles Wilson

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J’ai été intriguée par la quatrième de couverture de ce roman de Robert Charles Wilson et comme il entrait dans deux challenges, je me suis dit banco. Même s’il n’arrive pas à la hauteur de Les Chronolithes, ce roman offre une bonne lecture intéressante sur de nombreux points.

Les derniers jours du paradis est un roman que l’on pourrait classer dans plusieurs  catégories: on y trouve du thriller, de la science fiction et de l’uchronie. On ne sait pas vraiment précisément quand le monde décrit dans le roman a dérivé vers un autre monde. Au premier abord, les deux mondes se ressemblent mais on s’aperçoit vite d’une différence notable: la paix règne depuis 100 ans soit depuis 1914. Exit la seconde guerre mondiale et toutes les guerres depuis 1914. La société des nations semble arriver à maintenir la paix depuis 100 ans et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Autres différences, les technologies ont évolué différemment, on a un peu l’impression d’être entre 1960 et 1980. Cependant, même si l’auteur nous donne des petits détails sympathiques comme le nom de l’aéroport de Paris (aéroport Louis Blériot), on sait somme toute assez peu de choses sur le monde en général, les questions de politique, de démographie, de pays dominants : tout ces choses sont passées sous silence et c’est dommage. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur l’univers parallèle servant de base au roman, surtout que peu de pages supplémentaires auraient été nécessaires pour cela et que cet aspect donne un côté moins abouti au roman.

Si la paix a été maintenue depuis autant d’année, ce n’est pas grâce au formidable travail de la société des nations, c’est en réalité dû au travail dans l’ombre de créatures étrangères à notre planète. En effet, l’uchronie sert de base à une histoire d’invasion extra terrestre qui est au cœur du roman. Cependant, les extraterrestres ne sont pas des petits hommes verts, ils sont bien plus complexes que cela et c’est ce qui fait la richesse du roman. Ils sont plus proches d’une espèce de ruche, d’un fonctionnement d’insectes. D’ailleurs, l’auteur utilise le parallèle avec des espèces d’insectes pour les définir. Cela est fait de manière claire et on comprend assez vite la façon de fonctionner de L’Hypercolonie. J’ai beaucoup aimé ce concept pour les extraterrestres, un peu à la alien par certains aspects, fonctionnant en unité unique où les individus sont au service de tous.

L’Hypercolonie est le nom utilisé pour définir les extraterrestres qui utilisent la radiosphère pour intervenir dans les relations humaines et modifier les communications afin d’éviter les guerres. Peu de personnes dans le monde sont au courant de l’existence de L’Hypercolonie, elles se sont regroupées en une société secrète qui essaye de lutter contre ces entités. Les extraterrestres grâce à leur technologie et en se servant des humains à leur insu sont arrivés à créer des simulacres: des créatures ressemblant à des humains mais avec du sang verdâtre.

Les personnages principaux du roman font partie de la société secrète. La société fonctionnant souvent en famille, on trouve dans les protagonistes du roman des personnages adultes et adolescents, ce qui a le mérite de pouvoir plaire à différents publics. Comme toujours chez Robert Charles Wilson, les personnages sont très travaillés, complexes et bien construits. Leur psychologie correspond bien à ce qu’ils ont vécu et à leur situation particulière.

La première partie du roman pose les bases de l’intrigue et de l’univers puis la suite bascule vite vers le thriller angoissant à souhait avec une ambiance étouffante où tout le monde se méfie de tout le monde. Cela va crescendo et c’est très bien fait. Le roman amène aussi son lot de questionnement sur l’humanité, sur les notions de choix, de la violence inhérente à l’homme et de contrôle des communications. Rien n’étant blanc ou noir comme toujours chez Robert Charles Wilson.

Ce roman de Robert Charles Wilson fut une agréable lecture. On y retrouve toutes les caractéristiques communes aux autres romans de l’auteur. J’aurai aimé que l’univers créé par l’auteur sous forme d’uchronie soit un peu plus développé, cela aurait apporté une belle profondeur à l’ouvrage. Cependant, le concept des extraterrestres est bien amené et original. L’ambiance angoissante du roman fait un peu penser aux films des années 60 (ambiance Invasion des Profanateurs, les envahisseurs, le village des damnés…).

Célindanaé

Autres avis: Le chien critique, Xapur, Gromovar, Lorhkan, Blackwolf, Yogo

Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire et du challenge « Lunes d’Encre » de A.C. de Haenne.

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Challenge: Robert, je t’aime !

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Édition : Denoël Collection Lunes d’encre

Parution : 04-09-2014

Traduction: Gilles Goullet

Quatrième de couverture:

Alors que l’Amérique se prépare à fêter les cent ans de l’Armistice de 1914, un siècle de paix mondiale, d’avancées sociales et de prospérité, Cassie n’arrive pas à dormir. Au milieu de la nuit, elle se lève et va regarder par la fenêtre. Elle remarque alors dans la rue un homme étrange qui l’observe longtemps, traverse la chaussée… et se fait écraser par un chauffard. L’état du cadavre confirme ses craintes : la victime n’est pas un homme mais un des simulacres de l’Hypercolonie, sans doute venu pour les tuer, son petit frère et elle. Encore traumatisée par l’assassinat de ses parents, victimes sept ans plus tôt des simulacres, Cassie n’a pas d’autre solution que fuir.
L’Hypercolonie est repartie en guerre contre tous ceux qui savent que la Terre de 2014 est un paradis truqué.

 

 

 

13 commentaires

  1. En ce qui concerne l’uchronie, je pense que RCW s’en sert juste comme d’un outil pour déployer l’idée de son roman.
    J’ai aussi l’impression qu’il écrit ses romans comme ceux de l’âge d’or SF en les remettant au gout du jour de maniere stylistique et des idées. Et il n’oublie jamais que l’histoire et les personnages sont plus importants que les idées.
    Si tu as aimé l’hypercolonie, tu vas te prendre une claque avec Spin si tu le lis !
    Quel est le prochain ?

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  2. Ce n’est pas le meilleur Wilson (et j’ai l’impression que je dis çà de tout ces livres !!) mais il est très agréable à lire (je dis çà aussi de tous ces livres !!)
    Encore un livre avec de bonnes idées mais pas assez développé et encore un livre plein d’humanité.
    Bref il faut lire Wilson 😉

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  3. Bonjour
    Merci pour l’avis.
    Ce que j’aime chez Robert Charles Wilson c’est le non anthropomorphisme des extra-terrestres.
    Point de petits bonshommes verts, mais des organisations différentes.
    Peux être que l’humain trop fragile, trop lourd (quand il faut balancer dans l’espace tout un tas de bouffe, oxygène …) n’essaimera pas lui-même dans le cosmos, mais lancera des machines autonomes auto duplicatrices à la conquête de l’espace…

    Aimé par 2 personnes

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