L’île de Peter-Alex Nicolavitch

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« Tout bien considéré, vous avez eu de la chance dans votre malheur. Vous avez échoué sur cette île-ci, et pas sur celle où les enfants se transforment en ânes, ni celle où les marins deviennent des cochons. Y avez-vous pensé à ça, capitaine ? »

Qui est ce vieux marin qui traîne sa dégaine dans les rues de l’East Village à la recherche d’herbes médicinales très particulières et pourquoi Joab, le caïd du quartier, cherche-t-il sa piste dans des vapeurs narcotiques ?

Ce sont ces questions auxquelles devra répondre Wednesday, policière à New York, alors qu’elle se retrouve exilée sur une île tropicale étrange et pourtant familière…

Auteur: Alex Nikolavitch

Édition: Les moutons électriques

Paru le 4 mai 2017

L’auteur: Alex Nikolavitch a suivi une formation scientifique et exercé un certain nombre de métiers aberrants, avant d’arriver à vivre de la bande dessinée : laborantin, libraire, rédacteur de notices pour un dictionnaire de diététique, légendeur de photos de presse… À partir de 1992, il écrit articles, nouvelles, et fait ses premières armes en tant qu’auteur. Aujourd’hui scénariste de bandes dessinées, il est aussi traducteur de comic books depuis de nombreuses années, et s’est fait essayiste pour les Moutons électriques. (source: site des moutons électriques)

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J’ai reçu ce roman dans le cadre de l’abonnement des moutons électriques pour le mois de mai. C’est le premier roman de l’auteur que je lis et j’ai été agréablement surprise. La couverture de Melchior Ascaride met aussi en valeur le roman. En plus, l’auteur fait de jolies dédicaces, comme on s’en est rendu compte aux Imaginales.

Le roman commence par l’apparition d’un personnage un peu étrange habillé comme un marin à New York à notre époque. Qui est-il? D’où vient il exactement? Pourquoi a t’il autant de mal à se repérer dans cette ville qu’il semble connaître? Autant de questions que se pose le lecteur puis Wednesday, policière à New York qui va être amenée par hasard à croiser sa route puis à se rendre sur une île bien étrange. Voilà le début de ce court roman qui dans les pas d’une policière ancrée dans la vie bien réelle nous amène dans un univers de conte. En cela, le roman peut être rapproché de Sombres cités souterraines de Lisa Goldstein paru en début d’année chez les Moutons électriques également. En effet, on y retrouvait également le mélange entre les contes et histoires de notre enfance et la vie quotidienne. Le roman a aussi quelques facettes de Lost, la série avec une île perdue dont on ne peut partir et où le temps ne s’écoule pas de la même manière.

Cependant, l’auteur s’éloigne de ces références pour créer son propre univers en prenant le contre pied de l’histoire connue de  Peter Pan qui ne ressemble plus vraiment à celui que l’on connait dans le conte pour enfant. Les personnages connus ont chacun une histoire, un passé qui les a amené sur l’île et ils sont bien différents de ce à quoi on pouvait s’attendre. La narration est d’ailleurs entrecoupée par le récit du passé de 3 personnages importants de l’histoire, ce qui permet de mieux comprendre le fonctionnement de l’île et de voir qu’ils ne sont pas juste des archétypes de conte.

Les autres personnages sont également intéressants. Ils ne sont pas connus dans l’histoire habituelle de Peter Pan: Joab un gangster vaudou et Wednesday, policière qui cherche à faire ses preuves dans un monde d’hommes. Le personnage de Mouche, fidèle second du capitaine, est aussi bien développé. Même si le roman est assez court, ces personnages sont bien développés et apportent tous quelque chose à l’histoire.

La mythologie a aussi une place importante dans le roman, avec l’importance des noms et leurs origines. Les mythes et l’univers du conte s’imbriquent parfaitement pour créer un univers à part, très plaisant. Le rythme du roman est assez rapide et le livre se lit très bien. L’humour est également présent avec du second degré jouant sur le décalage entre les époques et les paradoxes engendrés par les passages entre les différentes périodes temporelles.

Ce court roman d’Alex Nikolavitch est bien écrit, et travaillé. Il se lit très bien et est parfait entre deux gros romans plus consistants. Le mélange de mythologie, de conte avec notre monde est assez détonnant, tout comme le plaisir que prend l’auteur à jouer avec les codes du conte. À noter aussi, la belle couverture de Melchior Ascaride qui donne un beau livre petit format.

Célindanaé

Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire

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13 commentaires

  1. Je l’avais repéré car j’ai lu Eschaton de l’auteur qui m’avait bien plu. Du coup je suis un peu plus son actualité. Heureuse de vois que le roman tient la route, et je voguerai bein en compagnie de ce Peter Pan, pour qu’il me détourne à son tour des contes de notre enfance.

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