L’alchimie de la pierre-Ekaterina Sedia

alchimieSoit une ville immense, sombre et secrète, fondée par un peuple minéral plus secret encore — les gargouilles. De mémoire d’homme, les guildes rivales des Alchimistes et des Mécaniciens s’y livrent une lutte d’influence acharnée. Or les Mécaniciens semblent enfin en passe de l’emporter, prêts à imposer sur la cité un ordre nouveau, brutal.
Automate douée de conscience, unique en son genre, Mattie est la création d’un Mécanicien ambigu. Bien qu’émancipée, elle peine à se libérer de l’emprise de son ancien maître, une ombre qui ne l’a pas empêchée, malgré tout, d’embrasser la carrière d’alchimiste. Les gargouilles l’ont chargée d’une mission cruciale : trouver un remède au mal qui les frappe, une inexorable pétrification. Mission que compliquent des événements tragiques : des attentats frappent la ville, tandis que dans ses entrailles couvent les ferments de la révolution…

Auteure: Ekaterina Sedia                      Traduction :  Pierre-Paul Durastanti

Édition: Le Bélial

Parution : 16 février 2017

Auteure russe vivant aux états-Unis depuis plus de vingt ans, Ekaterina Sedia a publié cinq romans et un recueil de nouvelles en langue anglaise. L’alchimie de la pierre est le  premier de ses ouvrages à paraître en français.

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et les éditions Le Bélial pour m’avoir envoyé ce roman gagné lors de l’opération masse critiques d’avril. J’ai été très contente d’avoir été sélectionnée pour ce roman à la très belle couverture signée Nicolas Fructus. L’objet livre est d’ailleurs très beau avec des petites illustrations en tête de chapitre.

L’histoire du roman se situe dans une ville un peu spéciale, fondée par des gargouilles, peuple secret qui souffre d’un mal étrange: elles se transforment inéluctablement en pierre et plusieurs ont déjà péri de la sorte. Au sein de cette cité, deux guildes rivales s’opposent :  les Alchimistes et les Mécaniciens. Les mécaniciens créent des machines et des automates qui sont utilisés pour des taches simples en général alors que les alchimistes élaborent diverses potions, pour soigner par exemple. La ville est gérée par un Duc mais les mécaniciens semblent être plus puissants que les alchimistes. Cependant, une vague d’attentats va mettre à mal la ville.

Dans ce contexte tendu, les gargouilles vont solliciter l’aide d’un personnage à part, Mattie, une automate douée de conscience et alchimiste. Toute l’histoire du roman va tourner autour de Mattie, de sa différence, de sa volonté d’aider les autres malgré son statut d’automate. Mattie est un personnage très réussi et touchant. Elle se définit comme une femme, dont elle a l’aspect, et sa situation n’est vraiment pas simple. C’est la seule automate qui ressent des choses et douée d’intelligence. Elle est émancipée et veut vivre sa vie loin de son créateur Loharrie, un mécanicien au passé trouble. Sa relation avec Loharrie est assez ambiguë, il a fait preuve de cruauté envers elle par le passé avant qu’elle n’obtienne sa liberté mais elle reste liée à lui par sa nature même d’automate et lui de créateur. Leur relation touche ainsi à plusieurs thèmes: on pense bien sûr à Frankenstein et à sa créature, mais également à la liberté de la femme que ce soit par rapport à son mari (même si Loharrie ne l’est pas) et le statut de la femme dans la société.

Le roman aborde d’autres thèmes comme le racisme ou la xénophobie. Les habitants de la cité craignent tous les étrangers parce qu’ils vont leur prendre leur travail alors qu’ils ont créé des automates pour le faire. Les étrangers sont alors victimes de diverses injustices. Ce problème est malheureusement tristement d’actualité alors que le roman date de 2008, et le sera certainement longtemps.

Les personnages secondaires sont assez peu nombreux dans l’histoire et peu développés hormis le fumeur d’âmes, personnage complétement à part et intrigant sur pas mal d’aspects. On sait très peu de choses aussi sur les gargouilles mais les passages où elles deviennent le narrateur sont très bien faits et permettent de changer de point de vue, le reste de l’histoire étant centré sur Mattie.

L’univers du roman se résume presque uniquement à ville, les éléments extérieurs restant très peu décrits dans l’ouvrage. Ceci donne au roman une ambiance proche de Dark city, avec cet aspect de cité unique, sombre et étrange où l’on fait des rencontres étonnantes. L’univers du roman est assez envoutant, il y a pas mal d’intrigues entre les guildes, des zones d’ombre mais suffisamment d’éléments pour captiver. L’aspect steampunk est aussi très plaisant tout en amenant son lot de réflexions.

Le rythme du récit est assez lent, presque hypnotisant. On se laisse porter par la petite vie de Mattie et par ses envies. J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteure qui a été admirablement rendu par la traduction de Pierre-Paul Durastanti. Son style est très imagé et poétique et donne au roman une ambiance particulière. Même si le rythme est lent, la tension est présente à plusieurs moments dans le récit et j’ai aimé me laisser bercer par cette ambiance particulière très bien illustrée par les dessins de Nicolas Fructus.

L’alchimie de la pierre est donc un roman à part, mélange de plusieurs genres, avec un rythme lent et une très belle écriture. Il est porté par son personnage principal et son univers particulier. L’intrigue est assez linéaire et les personnages secondaires peu développés mais cela ne m’a pas vraiment dérangé. Le roman est court et se lit bien, l’histoire aurait pu être plus élargie mais elle amène à suffisamment de réflexions pour être intéressante. J’ai beaucoup aimé ce roman et j’aimerais beaucoup en découvrir d’autres de cette auteure.

Célindanaé

Note:8.5/10

Autres avis: ApophisBlackWolf, Gillossen

Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire

d2_orig

 

 

 

13 commentaires

Laisser un commentaire