The haunting of Bly Manor

The Haunting of Bly Manor est une série américaine en 9 épisodes. C’est la seconde saison de la série d’anthologie The Haunting. Ce n’est pas une suite à The Haunting of Hill House, les deux histoires sont complètement différentes. D’ailleurs sur Netflix, les séries sont présentées à part dans les programmes. Cette saison est adaptée du court roman (ou longue nouvelle au choix) Le Tour d’écrou d’Henry James, datant de 1898. Le premier épisode est réalisé et scénarisé par Mike Flanagan (le réalisateur de Hill house), mais ce n’est pas le cas des suivants. Côté casting, on retrouve beaucoup des acteurs de The Haunting of Hill House et des nouveaux.

Une histoire de fantômes

La série débute avec une mystérieuse femme invitée à un mariage et se présentant lors de la soirée de répétition (pratique courante visiblement aux États-Unis). La nuit tombant, les invités se retrouvent devant un verre et cette femme va leur raconter une histoire, une histoire de fantômes leur dit elle. Elle commence à leur narrer l’aventure singulière d’une jeune femme, Dani, américaine vivant à Londres depuis 6 mois en recherche d’emploi. Le récit se situe en 1987 et Dani trouve un emploi de jeune fille au pair et institutrice dans le manoir de Bly pour s’occuper de deux jeunes enfants orphelins âgés de 8 et 10 ans. L’histoire racontée par cette femme va constituer toute la série jusque la révélation finale du dernier épisode, très émouvant et offrant un très beau dénouement à la série. Le début de l’oeuvre est ainsi exactement le même que le roman d’Henry James, avec quelqu’un racontant l’histoire de la jeune fille au pair. Pour que la référence soit plus explicite, la femme emploie même l’expression « tour d’écrou » en commençant son récit. Le Tour d’écrou d’Henry James est un classique des histoires de fantômes, un classique de la littérature fantastique ayant donné lieu à de nombreuses adaptations au cinéma dont Les innocents en 1961. Si le texte pâtit d’un style vieillissant et d’une fin pour le moins abrupte, c’est aussi un remarquable exemple du fantastique qui fait osciller son lecteur entre 2 interprétations: une rationnelle où il s’agirait d’hallucinations et une surnaturelle avec l’existence de fantômes au sein du manoir. Le début de la série reprend le roman d’Henry James et instaure peu à peu un climat angoissant très réussi. Cependant, point d’horreur ou de monstres cachés, la série joue sur la tension, les non-dits, les ombres, les présences. Tout cela avec une certaine lenteur (les premiers épisodes paraissent un peu mous mais tout s’explique par la suite), en prenant son temps et en centrant chaque épisode sur un personnage différent, procédé que l’on retrouvait dans The Haunting of Hill House. Le manoir est éloigné de tout, vaste, propice à des peurs. Les deux enfants, Miles et Flora ont perdu leurs parents récemment et vivent dans le manoir de Bly en compagnie d’une intendante, Hannah Grose. Deux autres employés, le cuisinier Owen et la jardinière Jamie sont très souvent présents. On sent très vite que si tout semble parfait en apparence, c’est en réalité loin d’être le cas et que les secrets sont nombreux à Bly Manor.

Une histoire de hantises

Adapter un roman aussi court que Le Tour d’écrou en série de 9 épisodes d’une heure parait assez difficile. Alors il faut broder en racontant d’autres histoires: celle de Dani et de ses peurs puis celle du manoir et de ses fantômes. L’histoire centrale et les personnages sont proches du récit d’Henry James, mais la série donne l’impression de mêler 3 histoires différentes sans vraiment les relier entre elles, ou assez artificiellement. Dani est hantée par son passé et un étrange homme aux lunettes rondes et phosphorescentes. L’ancienne gouvernante Rebecca Jessel et Peter Quint ont marqué le manoir de leurs présences et chacun semblait hanté par des désirs secrets. Enfin, le manoir de Bly, comme toute demeure anglaise de cette taille et de cette époque a un passé qui va expliquer beaucoup de choses, un passé restitué dans un superbe épisode 8 entièrement en noir et blanc et dans une ambiance gothique parfaitement maitrisée. L’histoire de Dani et sa hantise se résout un peu vite et la construction de la série se centrant sur ses personnages par épisode donne une impression de voir trois histoires complétement différentes reliées seulement par le lieu sans qu’une véritable cohérence n’apparaisse. Cela ajouté à un début très lent pourra rebuter certains spectateurs. Pourtant, il faut le reconnaitre, The Haunting of Bly Manor est une série réussie, émouvante et portée par de merveilleux interprètes. C’est une série où le paranormal a une part non négligeable mais où tout est centré sur l’humain, sur les actions que l’on commet de son vivant et qui nous poursuivent longtemps. Avant d’être une histoire de fantômes, la série est surtout une histoire de hantises avec tous les sens que peut prendre le mot. Chaque personnage a sa propre peur, qu’elle soit surnaturelle ou non. Chaque fantôme représente une émotion humaine (jalousie, honte, culpabilité…) à laquelle chacun pourra s’identifier, ce qui engendre la peur, une peur bien réelle et proche de notre vie de tous les jours. En cela, la série est une vraie réussite, ses personnages ne sont jamais manichéens, ils sont profondément humains, et on ne peut que se sentir proche d’eux, les comprendre, les aimer. Le casting est assez proche de The Haunting of Hill House et extrêmement bien choisi. Victoria Pedretti donne beaucoup d’émotions à son personnage de Dani, Oliver Jackson-Cohen interprète un personnage très différent de celui de Luke Crain. Les nouveaux venus sont également très bons surtout T’Nia Miller dans le rôle Hannah Grose avec un excellent épisode 5 centré sur elle.

Une histoire d’amour et de deuil

Cependant, cette série est aussi une histoire d’amour. Ne fuyez pas en imaginant une histoire de romance mièvre, il s’agit d’amour dans les différents sens qu’il peut avoir. On retrouve de l’amour amical entre Dani et Edmund, de l’amour familial avec les enfants Flora et Miles, leurs parents et leur oncle Henry interprété par Henry Thomas, l’amour d’une mère Viola pour sa fille puis l’amour romantique entre plusieurs autres protagonistes. Avec l’amour, vient comme une ombre la peur de perdre cet amour qui entraine bien des peurs, des désillusions, des tourments. Ces thèmes sont au centre de la série, présents dans les différentes histoires racontées. The Haunting of Bly Manor est un peu inégal selon les épisodes mais c’est surtout des histoires de gens qui s’aiment avant de se perdre pour toujours. La série est moins horrifique que sa grande sœur c’est certain, mais elle parle à un sentiment qu’on essaye d’enfouir au plus profond de soi, de refouler pour ne pas affronter son horreur, cette terrible crainte que l’on a tous de perdre ceux que l’on aime. Le deuil, déjà présent dans The Haunting of Hill House, est aussi présent à Bly Manor tel un fantôme, le deuil de l’humain, de l’amour, de ce qui fut une vie. Une chose est vraiment marquante dans cette série, le traitement des thèmes du deuil, de la perte d’un amour, de l’oubli et de la mort. C’est traité avec justesse et sensibilité tout en essayant de garder de l’espoir malgré tout. Ce sont des thématiques auxquelles nous avons tous été confronté, on peut choisir d’avoir peur, de ne pas y penser, d’essayer d’oublier ou de les affronter.

The Haunting of Bly Manor est donc une série qui ne joue pas sur les apparitions monstrueuses mais instille une angoisse beaucoup plus subtile et qui parlera à beaucoup. Malgré un début un peu lent et des épisodes inégaux, le récit nous impressionne et nous bouleverse.

7 commentaires

  1. J’avais lu la nouvelle d’Henry James un peu avant sans y accrocher, j’ai été ravie de voir que la série s’en était juste inspirée et proposait autre chose pour compléter. J’ai beaucoup aimé cette dernière. L’épisode final m’a un peu blasée mais tout le reste est excellent notamment cette montée crescendo à partir de l’épisode sur Hannah 💕

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  2. J’ai adoré cette série ! Autant que Hill House, mais différemment (cette fois je n’ai pas eu à me cacher les yeux ^^). Je connaissais bien le roman, pour l’avoir lu il y a quelques mois.
    Je trouve l’adaptation très réussie ! Pour le côté « trop d’histoires mêlées », ça ne m’a pas gênée, j’ai trouvé au contraire que cela apportait de la profondeur et de la richesse au propos… et puis j’ai découvert cet article (https://screenrant.com/haunting-bly-manor-every-henry-james-ghost-story/) et compris qu’en fait, en plus du Tour d’écrou, Mike Flanagan a aussi glissé plusieurs histoires de fantômes de Henry James dedans (celui qui suit Dani, l’histoire du fantôme originel, etc).
    Le final était bouleversant !

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  3. Je savais qu’il y avait plusieurs histoires mélangées mais je trouve qu’il y a un petit côté artificiel dans la manière de les relier. Par exemple, l’histoire sur l’ancienne nourrice et le chauffeur dont tu n’entends plus parler pendant quelques temps ou l’ancien fiancé qui disparait trop vite

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