Le magicien quantique- Derek Kunsken

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Le Magicien quantique est le premier roman de Derek Künsken, auteur canadien de science-fiction. Le roman arrive en France chez Albin Michel Imaginaire auréolé d’un beau succès outre atlantique. Rien que le titre offre beaucoup de promesses, tout comme la très belle couverture de Manchu.

En commençant ce roman, je m’attendais à un roman de science-fiction avec beaucoup d’actions, de suspense, et à en prendre plein la vue. Je n’ai pas trop été déçue sur tous ces points. Mais je m’attendais moins à des explications Hard SF très présentes et gênant l’immersion dans le roman. Car oui, il ne faut pas se mentir, il y en a et parfois, j’ai vraiment eu du mal à savoir ce qui se passait ou à visualiser les scènes. Et c’est un peu dommage. J’ai eu du mal à voir quand et comment l’arnaque à proprement parler se déroulait et quand tout commençait réellement. Ça veut peut-être dire à quel point le magicien est doué ou moi beaucoup moins. Mais je voulais juste signaler que ce n’est pas forcément un roman facile à lire malgré ses grandes qualités par ailleurs.

Venons en aux faits maintenant. Projetons nous dans l’avenir, très loin. L’humanité s’est étendu et utilise les fameux trous de ver pour se déplacer. Ces trous de ver existent depuis très longtemps et constituent des points stratégiques pour les grandes puissances. Leurs accès sont gardés et on n’y passe pas facilement. Il existe aussi des points d’accès transitoires si on ne veut pas passer par les trous de ver permanents. Ils sont créés grâce à des vaisseaux mais permettent de se rendre beaucoup moins loin. En gros c’est un peu comme si on avait le choix entre un tunnel pour passer au travers d’une montagne ou une route de montagne qui rallongerait le temps de route considérablement.

L’Union Sub-Saharienne veut avoir tous les avantages du tunnel sans en payer les frais pour des raisons politiques. En gros, elle veut faire passer des vaisseaux révolutionnaires à travers un trou de ver. Mais ce dernier est contrôlé par la Théocratie de Poupées qui demande une fortune pour y passer. Pour réaliser leur rêve, l’union fait appel à Belisarius Arjona, arnaqueur, escroc de grand talent surnommé le magicien et homo quantus. Un homo quantus est le résultat de manipulations génétiques qui ont fait de lui un mélange entre un humain et une intelligence artificielle. Il peut prendre les meilleures décisions grâce aux probabilités. C’est pratique pour arnaquer, y a pas à dire.

Pour réussir une arnaque et gagner plein de sous, il faut une bonne équipe. Les passages où Belisarius recrute son équipe sont clairement inspirés de Ocean’s Eleven. L’équipe en question est constituée de personnages haut en couleur: Cassandra, son ex fiancée et homo quantus également, un exilé de la Théocratie de Poupées, un généticien humain, une Intelligence artificielle qui se prend pour un apôtre, un plongeur en eau très profonde (un homo eridanus, humain également génétiquement modifié) et la plus fun, une spécialiste en démolition. Toute cette fine équipe accepte de réaliser le plan machiavéliquement mis en scène par Belisarius. La galerie de personnages proposés est assez impressionnante.

L’intrigue est bien construite, avec beaucoup d’actions et de rebondissements. On ne s’ennuie pas à tel point qu’on entendrait presque le thème de Mission Impossible poindre à l’horizon. On retrouve tous les ingrédients des films de type arnaque ou d’actions. Il y a aussi des questionnements sur les modifications génétiques et ce qu’elles entrainent sur les personnes qui en bénéficient ou qui les subissent parfois. L’univers n’est pas vraiment développé, l’auteur s’intéressant plus à l’aspect scientifique des technologies.

Le Magicien quantique est un roman aux nombreuses qualités mais où l’auteur semble par moments vouloir trop en faire. Des explications scientifiques assez ardues nuisent parfois à la visualisation de certaines scènes alors que d’autres sont très efficaces. La galerie de personnages proposés, l’intrigue et les rebondissements rythment la lecture et en font un roman efficace. Un auteur à suivre, une suite est d’ailleurs parue en anglais.

Autres avis: Apophis, Acaniel, Blackwolf, Gromovar, Lianne, Anudar, FeydRautha, Le chien critique, Outrelivres, Les blablas de tachan

Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)

sdr

Auteur: Derek Künsken

Édition: Albin Michel Imaginaire

Parution : 26 février 2020

« La technologie est capable de nous changer de façon fondamentale, jusque dans notre chair, et Derek Künsken témoigne de cette révolution avec un talent fou. » Liu Cixin, lauréat du Prix Hugo et auteur du Problème à trois corps.

Belisarius Arjona est un homme quantique. Ses pairs ont été créés pour pousser les capacités cognitives de l’humain à un niveau extrême. En fugue quantique, Belisarius est capable de transformer la probabilité en réalité. Toujours sur le fil, de par sa nature-même, il a trouvé un équilibre précaire en tant qu’escroc. Et quand un client lui offre une immense richesse pour déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi, Belisarius accepte la mission et se met en quête d’un équipage composé de post-humains comme lui, mais aussi d’une Intelligence Artificielle surpuissante répondant au doux nom de saint Mathieu. Réussiront-ils leur mission, au risque de déclencher une guerre interstellaire ?

32 commentaires

      • J’ai une formation scientifique et j’ai pas trop de problème a comprendre, mais c’est juste que souvent ça me gonfle quand c’est un pavé d’explication au milieu d’un roman. Je m’en fous en fait, c’est un obstacle à la progression de l’histoire pour moi.

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  1. Paradoxalement c’est plutôt le côté « action » qui me rebute (et puis tu signales que l’univers n’est pas très développé), souvent j’ai le sentiment que beaucoup (trop?) d’action empêche d’aller de développer une histoire et un univers en profondeur.
    L’aspect Hard SF ne me dérange pas (sauf si c’est Greg Egan *traumatisée par Diaspora*), je trouve que les délires ultra-techniques peuvent amener du « sense of wonder » et peuvent s’apprécier même si on est largué. Je viens d’ailleurs de lire Le Problème à trois corps de Liu Cixin et même si je n’ai pas tout compris (surtout vers la fin, les protons-ordinateurs en neuf dimensions, hum)), ça ne m’a pas gâché le plaisir. Et pourtant j’avais 4 de moyenne en physique en 1ère S…avant de passer en L ^^’
    Merci pour ta critique, je pense que je l’emprunterai à la bibliothèque s’ils l’achètent.

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  2. Merci pour le backlink ! Je suis tout à fait d’accord avec toi sur le fait que c’est un super roman, au potentiel énorme, mais qui m’a perdu de nombreuses fois à cause des explications scientifiques hardues…

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  3. Le quantique du titre n’est pas usurpé…
    Mais nous, lecteurs, ne sommes jamais content : soit trop de ceci, trop de cela, manque de ci….
    Dans tous les cas, c’est assez rare de voir un bouquin dans ce genre et il y a de trsè bons moments à l’intérieur.

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