Que passe l’hiver – David Bry

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David Bry était le coup de cœur des Imaginales cette année. Il écrit depuis 2009 dans plusieurs genres de l’Imaginaire allant du polar d’anticipation à la fantasy épique. Cela faisait quelques temps que je voulais découvrir cet auteur et son roman Que passe l’hiver précédemment édité en avril 2017 aux éditions de l’Homme sans Nom. C’est un tome unique qui vient d’être réédité chez Pocket en avril dernier. Le roman avait été nominé au Prix Imaginales 2018.

J’ai été attiré par ce roman en partie pour son univers qui m’a fait penser aux pays nordiques. Même si le roman ne se situe pas à proprement parler dans un pays lié aux vikings, on trouve dans son univers et dans l’ambiance qui s’en dégage un côté nordique marqué et très plaisant. Le roman suit le parcours de Stig, jeune homme de 20 ans. Stig fait partie du clan des Feyren, il est le fils cadet du seigneur du clan. Cependant, il est affublé d’un pied bot et son père lui préfère son frère ainé comme héritier. Néanmoins, cela ne l’empêche pas d’avoir trouvé une forme de bonheur et de liberté. Surtout qu’il va bientôt participer à son premier solstice d’hiver, cérémonie très importante et très ancienne où tous les clans viennent sur le Wegg en l’honneur du roi de la Clairière. Le but de la célébration est de renouveler l’allégeance des clans au roi de la Clairière. Ce n’est pas un roi ordinaire ni un humain. Il symbolise le lien entre les hommes et les Dieux, surtout Urian le dieu sombre qui règne sur le monde des morts.

Cette cérémonie m’a fait penser aux cérémonies nordiques qui avaient lieu à Uppsala en Suède. Ces célébrations avaient lieu en l’honneur des dieux nordiques tous les 9 ans et concernaient tous les clans de Suède. Ceux-ci venaient pour faire des offrandes aux Dieux et prendre part aux rituels sacrés. Le roman se déroule principalement dans la nature et celle-ci a une grande place dans le récit au travers de la forêt, du roi de la Clairière. Les descriptions des paysages sont superbes, on se prend à rêver de ces forêts enneigées, des falaises bordant la clairière. Toutes ces influences donnent une ambiance particulière au roman. Cette atmosphère qui ressort des paysages, du froid, du lien avec la nature, de la cérémonie du solstice, est très travaillée et apporte un gros plus au roman. L’univers offert par David Bry est fascinant, particulièrement réussi et immersif. Le lecteur découvre peu à peu les éléments qui le constituent, la magie des clans, le lien entre les hommes et les divinités, et se laisse envoûter par cet univers et son ambiance.

La magie est présente dans l’univers mais sous forme de pouvoirs que possèdent les clans. Ces pouvoirs viennent d’Urian et chaque clan a un pouvoir différent. Les membres du clan de Stig ont le pouvoir de changer de forme et Stig peut ainsi se métamorphoser en corbeau. Les Lugen peuvent invoquer des esprits, les Oren lire dans les fils du destin et ainsi voir une partie de l’avenir. Les membres du dernier clan, les Dewe, peuvent se dissimuler dans les ombres. Ces pouvoirs paraissent assez puissants mais sans vraiment être disproportionnés. Ils ajoutent un aspect un peu mystique, un peu étrange à l’univers.

L’intrigue peut paraître assez classique au début puis s’oriente vite vers un huis-clos étouffant dans des paysages gelés et oppressants. Le lecteur a ainsi l’impression d’assister à une tragédie qui se déroule sous ses yeux, un drame qui avance inexorablement. David Bry prend son temps pour poser son récit, ses personnages, son univers. Les péripéties sont nombreuses mais il est vrai que le rythme est un peu lent par moments. Cela ne m’a pas dérangé mais c’est à souligner. L’auteur tisse ses fils avec brio sur un rythme envoûtant et avec une plume particulièrement belle et poétique. On trouve d’ailleurs en introduction à chaque chapitre des vers qui renforce l’aspect poétique et légendaire du récit.

Stig est un personnage assez jeune pour lequel la fête du solstice symbolise le passage à l’âge adulte. Il a un côté un peu naïf par certains aspects, mais est également très attachant par d’autres. Il est différent des autres, ce qu’il a réussi à transformer en force. Il est vraiment au centre du récit et les personnages secondaires sont globalement assez peu présents, bien qu’ils soient intéressants également et variés.

Que passe l’hiver est ainsi un excellent roman sous forme de huis-clos glacial. L’univers et l’atmosphère qui en ressort sont les gros atouts de ce roman. La tension est très présente tout au long du roman et augmente au fur et à mesure que le drame prend forme. On se laisse prendre par la magie de ce roman, par sa froideur et par la plume poétique de David Bry.

Autres avis: StelphiqueXapur, Blackwolf, Lhisbei, Maned Wolf, Joyeux-DrilleLes fantasy d’AmandaDupOmbrebonesFantasy à la carte Elhyandra

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Auteur: David Bry

Édition Pocket

Parution le 11/04/19

Stig vient d’avoir vingt ans, l’âge de porter une épée et de se rendre enfin sur le Wegg, l’étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d’hiver ne se déroule pas comme il l’avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu’il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l’ombre des festivités, protéger ceux qu’il aime… et même survivre. Y parviendra-t-il ? À la croisée de l’ode initiatique et du huis-clos,  »Que passe l’hiver » raconte le destin d’un jeune homme au pied bot et d’un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d’un monde qui se meurt, peut-être…

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