Pierre-Fendre-Brice Tarvel

pierre-fendre

Un immense château…
On n’y entre pas plus qu’on n’en sort. On y naît, on y vit, puis on y meurt. Un monde clos de murailles infranchissables, chapeauté d’un éteignoir de grisaille. Certains ont l’illusion d’un nid somme toute douillet, d’autres ragent d’habiter une prison. Dulvan et son ami Garicorne appartiennent à ces derniers. Sans savoir ce qu’est vraiment le Grand Dehors, ils aspirent à en percer les mystères et rêvent d’une existence tout autre. Mais, pour ce faire, il convient de faire tomber l’enceinte géante, c’est-à-dire se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes. Comme le racontent les vieux récits, l’énigmatique endormie est-elle cependant bien une déesse dont les errances oniriques ont fait que le château et tout son contenu soient devenus réalité ?
Parce qu’elle ne peut supporter l’idée de perdre son frère, Aurjance quittera son cher royaume du printemps pour se lancer à la poursuite du jeune homme. Quant à Murgoche, la peu recommandable sorcière, elle n’entendra pas se laisser flouer par deux foutriquets.

Auteur: Brice Tarvel

Éditeur: Les moutons électriques                         À paraître le 24 août 2017  

L’auteur: Brice Tarvel, de son vrai nom Jean Pol Laselle, né en 1946, est un romancier – sous son pseudo Tarvel ou celui de François Sarkel – et un scénariste de bande dessinée français.

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Ce roman est le premier du nouvel abonnement proposé par Les moutons électriques que j’ai eu en cadeau d’anniversaire. Et si le reste des livres proposés est du même niveau, je serai bien contente.

Pierre-Fendre est un roman un peu à part par son thème et son style, il fait penser par moments à un conte mais a aussi un style proche du moyen-âge par le vocabulaire de l’auteur, et ce mélange fonctionne plutôt bien. Le roman situe son action dans un immense château, car il contient 4 régions différentes, chacune régie par les saisons: Viridis pour le printemps, Chaloir l’été, Feuille-sèche l’automne et Pierre-fendre l’hiver. La saison où l’hiver impose ses lois donne ainsi son titre au roman.

Ce n’est pas la seule particularité de ce château: il est clos et on ne peut pas y entrer ni en sortir, ses habitants ne savent pas comment est le monde extérieur ni ce qui se passerait si un jour ils pouvaient sortir du château. Certains habitants du château acceptent leur sort sans rien dire mais ce n’est pas le cas de tout le monde: Dulvan et son ami Garicorne aimeraient sortir du château qu’ils estiment être une prison. Pour cela, il n’y aurait qu’un seul moyen: se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes car ce serait elle qui maintient le château dans cet état. La sœur de Dulvan, Aurjance décide de suivre son frère pour essayer de l’empêcher de mettre ses projets à exécution. Murgoche, la sorcière fait de même en apprenant que les 2 jeunes hommes sont partis en quête de la Sommeilleuse. On a ainsi une alternance de chapitres consacrés aux divers protagonistes qu’on suit dans leur quête et dans leurs poursuites. Chacun évoluant à un rythme différent des autres et faisant des rencontres distinctes parfois dangereuses.

J’ai trouvé le thème du roman assez original car il mélange de la fantasy et des contes de belle manière. Le personnage de la Sommeilleuse qui maintiendrait le château et ses habitants dans ses rêves est assez intriguant pour donner envie de savoir ce qu’il en est. Les aventures vécues par les personnages tout au long de leur cheminement pour aller à Pierre-Fendre sont aussi variées et on les suit avec plaisir. L’univers est original, l’idée d’un monde clos et vaste à la fois, véritable labyrinthe, est bien exploitée. Les quatre parties du monde sont toutes dominées par les effets de chaque saison, poussés à l’extrême.

Les noms des personnages et ce monde clos, refermé sur lui-même un peu hors du temps, tout cela donne au roman un aspect de conte. Cependant, cet aspect n’est pas prédominant et l’histoire est suffisamment développée. La plume de l’auteur est très soignée, les termes d’ancien français sont utilisés sans pour autant nuire à la fluidité du récit, mais en permettant une plus grande immersion. Les chapitres sont assez courts et alternent les personnages, ce qui donne un roman qui se lit bien, très rythmé et bien écrit.

Les personnages sont attachants et différents: Murgoche, la sorcière apporte de l’humour au récit, Aurjance apporte un point de vue féminin, et Dulvan et Garicorne sont touchants par leur amour et les répercutions qu’il a sur eux. L’auteur aborde ainsi les questions des différences de toute sorte, cela est bien fait sans jugement.

La fin par contre est un peu rapide à mon goût et je suis un peu restée sur ma faim. J’aurais aimé en savoir plus et il y avait matière à continuer un peu. L’auteur fourmille d’idées pour l’univers et les thèmes abordés et c’est dommage que la fin soit un peu trop abrupte.

Pierre-Fendre fut une lecture agréable, avec un univers riche et original, des personnages attachants et différents de ce que l’on peut trouver habituellement, et un style très travaillé et fluide à la fois. J’aurai aimé en apprendre un peu plus sur certaines choses avec une fin un peu plus développée. Cependant, le roman comporte suffisamment d’originalité et de points positifs qui m’ont permis d’être complétement prise par le récit. Pierre-Fendre est une ode à la tolérance, à la quête de soi, au voyage dans un univers foisonnant.

Célindanaé

Autres avis: Lorhkan, emaginarock, les sortilèges des mots

Cette chronique fait partie du  challenge littérature de l’imaginaire

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et du Challenge Summer Short Stories of SFFF  de Xapur

Challenge Summer Short Stories of SFFF - saison 3

 

22 commentaires

  1. Ta critique me donnerait presque envie… si je n’avais pas déjà lu Tarvel et en avait gardé un souvenir particulièrement médiocre et pénible. Je n’ai pas l’habitude de juger un auteur sur un seul livre (il m’est déjà arrivé, pour un seul et même écrivain, d’encenser un bouquin et de vomir le suivant, ou inversement), mais j’avais trouvé son style pompeux, et certains éléments de ta critique ne me rassurent pas particulièrement sur ce point. Bref, je fais peut-être une connerie, j’en sais rien, mais je ne vais pas prendre le risque de claquer du pognon et surtout du temps de lecture sur un bouquin qui a de fortes chances de ne pas me convenir.

    Par contre, le mélange de codes de la Fantasy de base et des contes, ça n’a rien de nouveau, même pas en français. Ça s’appelle la Fairytale Fantasy (personnellement, j’en fais un sous-genre de la Mythic Fantasy, mais certains les placent dans deux cases différentes). De Dunsany à Lewis Carroll en passant par Gaiman, Ellen Kushner, Orson Scott Card (qui s’est livré plusieurs fois à l’exercice) et même Anne Rice (dans une relecture érotique hardcore de La belle au bois dormant), tu as le choix.

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