Mes vrais enfants-Jo Walton

mveNée en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.

Auteure: Jo Walton             Édition Denoël  Collection Lunes d’encre     parution 19-01-2017

Traduction de l’anglais par  Florence Dolisi

Jo Walton est une auteure galloise, elle a reçu de nombreux prix dont le prix Hugo pour son roman Morwenna paru en 2011. Ce roman a également obtenu le prix Nebula et British Fantasy.  Ses romans en france sont publiés chez Denoël dans la collection Lunes d’encre.

Mes vrais enfants est considéré comme le chef-d’œuvre de Jo Walton et est un peu le livre à lire en ce moment sur les blogs de littérature de l’imaginaire. Je dois avouer que ce statut m’a un peu fait peur au moment d’entamer ma lecture car j’ai eu un peu peur de ne pas ressentir l’engouement général provoqué par ce roman. Et puis, je l’ai commencé et ai tout de suite été séduite par la plume de l’auteure très bien traduite également. Puis je me suis laissée porter par ce roman sans vraiment m’en rendre compte pour finalement pleurer à certains moments et me dire waouh quel roman! Peu de livres m’ont ému à ce point là et je vais le conseiller à beaucoup de monde. En effet, pour moi, il peut plaire à un large public pas forcément fan d’imaginaire d’ailleurs, il touche à tellement de sujets de société actuels qu’il parlera à beaucoup de personnes.

Quand le roman débute, l’auteure nous présente Patricia, une dame âgée habitant en maison médicalisée et souffrant de troubles de la mémoire. Mes vrais enfants raconte l’histoire de la vie de cette femme depuis sa naissance en 1926. Un moment dans la vie de cette dernière va être très important et changer le cours de sa vie et on bascule alors dans une uchronie personnelle. Les chapitres racontant la vie de Patricia selon le choix qu’elle fait se succèdent en utilisant un surnom différent pour que le lecteur s’y retrouve facilement : Trishia pour la vie où elle a choisi d’épouser Mark et Pat pour la vie où elle n’a pas fait ce choix. Cette utilisation des surnoms permet de se retrouver facilement dans la lecture et la rend fluide. Le seul problème c’est qu’il y a beaucoup de personnages dans chacune des deux vies, le récit se déroulant sur de nombreuses années et aussi il est parfois difficile de se rappeler qui est qui. Cependant, c’est un tout petit bémol car on s’y fait tout de même.

Un des gros points forts de ce roman est ses personnages. Ils sont énormément travaillés et on peut se reconnaître ou reconnaître ses proches facilement. Ils se dégagent énormément d’émotions grâce à ces personnages auxquels on s’identifie très vite. Patricia dans chacune de ses vies est un personnage plus qu’attachant, on ressent quasiment ce qu’elle ressent. C’est un personnage à la fois simple et fort qui subit de nombreuses épreuves mais qui fait front sans pour autant être une « surfemme ». De plus, les personnages qui gravitent autour d’elle sont également très intéressants et séduisants.

Une autre grande réussite pour moi du roman est l’utilisation de l’uchronie qui en est faite. Il ne s’agit pas de se demander comment serait le monde si tel ou tel événement historique avait eu lieu mais de s’interroger sur le destin et sur les choix personnels et sur les répercutions qu’ils peuvent avoir. Cependant, le roman ne se limite pas à une uchronie personnelle et les deux vies ont chacune un monde différent. Cela est amené par petites touches mais a une grande importance et est extrêmement bien fait de la part de Jo Walton.

Le roman pose aussi des questions sur le statut de la femme au cours de l’histoire. Il se déroule sur une grande partie du 20ème siècle et on peut ainsi voir comment le statut de la femme a pu évoluer au sein de nos sociétés. L’auteure nous amène ainsi à nous questionner sur plusieurs sujets de société qui touchent plus ou moins tout le monde: le rôle de la femme dans la famille, dans la société, la perte de mémoire et la vieillesse, l’armement, le nucléaire, les effets de l’homme sur le monde, la stigmatisation des homosexuel(le)s, et les difficultés de la vie de couple et surtout sur l’amour de sa famille au travers ses enfants et son conjoint. Tout cela est fait de façon très intelligente en utilisant des personnages formidables et une utilisation très habile de l’uchronie.

Je n’ai pas lu d’autres romans de Jo Walton et je ne peux donc pas dire si ce roman est son chef-d’œuvre mais c’est incontestablement pour moi une grande réussite et un magnifique roman qui nous bouleverse et nous fait réfléchir sur notre monde et nos choix.  La plume de l’auteure est également un gros point fort de ce roman, elle à la fois immersive, fluide et agréable. Avec un point de départ simple, elle nous fait plonger dans son histoire au point qu’il est parfois dur de fermer le livre, on veut savoir au plus vite ce qui arrive aux différents protagonistes et aussi comprendre le fin mot de l’histoire. Mais c’est un livre qui se ressent afin de se faire sa propre opinion. C’est surtout un  livre magique, unique, brillant et touchant que je ne peux que recommander.

 Note :

coeur

Célindanaé

Autres avis:LorhkanLune, Gromovar, DionysosLutin82, Apophis

 Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire et du challenge « Lunes d’Encre » de A.C. de Haenne.

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